Une onde de choc traverse le territoire de Moba, dans la province du Tanganyika. Le colonel José Tumba, commandant des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), a lancé un avertissement sans équivoque à ses troupes ce lundi 28 avril. Objectif : stopper net les tracasseries contre les civils aux points de contrôle. Cette directive fait suite à une accumulation de plaintes déposées par des habitants exaspérés.
« Cessez immédiatement de harceler la population ! », a-t-il ordonné lors d’une tournée dans les postes de sécurité stratégiques. Kakera, Kasenga Makosa et Mulala : ces localités ont été le théâtre d’un rappel à l’ordre musclé. Le message est clair : aucun militaire n’est autorisé à extorquer de l’argent ou à intimider les usagers sur l’axe Moba-Pweto.
Mais pourquoi cette intervention soudaine ? Depuis plusieurs semaines, les dénonciations d’abus se multiplient. Des témoignages concordants décrivent des militaires transformant les barrages routiers en péages illégaux. Une situation qui a poussé les députés provinciaux de Moba à réclamer le remplacement intégral des éléments déployés dans la zone.
Le colonel Tumba a tenu à rassurer les citoyens lors de sa prise de parole publique : « Ces postes de contrôle existent pour votre protection face aux groupes armés, pas pour vous persécuter ». Un discours de justification qui cache mal une réalité plus sombre. La référence explicite à la DEMIAP – service de renseignement militaire – accusée de mêmes pratiques, prouve l’étendue du problème.
En réponse à ces dérives, le commandant de secteur affirme avoir sanctionné un responsable de la DEMIAP. « Je l’ai convoqué, réprimandé et sommé de faire cesser ces agissements », a-t-il déclaré sous les regards médusés. Une mesure présentée comme corrective, mais qui soulève des questions : ces abus étaient-ils tolérés jusqu’ici ?
La situation sécuritaire dans cette région de la RDC reste volatile. L’argument de la protection contre les « bandits de Liapenda » justifie-t-il vraiment ces méthodes ? Les habitants, partagés entre peur des miliciens et méfiance envers leurs protecteurs, vivent un dilemme quotidien. Le renforcement militaire sur l’axe controversé promet-il davantage de sécurité ou de nouvelles exactions ?
Cette crise locale illustre un défi national : le rapport conflictuel entre forces de l’ordre et population en République Démocratique du Congo. Alors que les actualités RDC font régulièrement état de tensions similaires ailleurs au pays, l’intervention du colonel Tumba sera-t-elle suffisante pour rétablir la confiance ? L’efficacité des mesures annoncées se vérifiera aux prochains jours par un indicateur simple : la diminution – ou non – des plaintes pour tracasseries militaires.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
