Une attaque armée d’une violence rare a une nouvelle fois ensanglanté la province du Tanganyika. Cinq éléments des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont été abattus samedi 26 avril sur l’axe Kalemie-Kabimba, théâtre récurrent d’attaques contre des convois.
Selon des sources sécuritaires concordantes, l’embuscade a été tendue vers 10 heures au lieu-dit Kipori, à 40 kilomètres de Kalemie. Des assaillants non identifiés ont ouvert le feu sur un convoi transportant des employés de la cimenterie GLC, provoquant un carnage. Les militaires d’escorte, pris en tenaille, n’ont pu repousser l’assaut.
Le bilan officiel fait état de cinq soldats tués sur le coup. Un sixième a succombé à ses blessures durant son évacuation vers un hôpital de Kalemie où le chauffeur du convoi est toujours soigné. Les assaillants ont disparu avec un important stock d’armes et un otage : un ressortissant chinois travaillant pour la société GLC.
« Nous condamnons avec la dernière énergie cette lâcheté inqualifiable », a déclaré à Congo Quotidien John Mutombo, administrateur du territoire de Kalemie. La voix nouée par l’émotion, le responsable déplore « une saignée inacceptable » au sein des rangs militaires.
Cette attaque relance le débat sur l’insécurité chronique dans cette zone stratégique du Tanganyika. Comment expliquer la répétition de tels incidents malgré les opérations militaires ? Pourquoi cet axe vital reste-t-il une passoire sécuritaire ?
Les chiffres donnent froid dans le dos : quatre militaires de la Force navale et quatre employés chinois kidnappés en 2024, des dizaines de millions de dollars de rançons exigés depuis 2020… Une véritable économie de la terreur s’est implantée dans la région.
Les autorités provinciales promettent une réaction « à la hauteur de la tragédie ». Des renforts militaires auraient déjà été dépêchés sur zone pour traquer les assaillants. Mais sur le terrain, les populations restent sceptiques face à des annonces maintes fois répétées.
Cet événement intervient dans un contexte sécuritaire délétère au Tanganyika, province clé pour les investissements miniers chinois. La recrudescence des enlèvements ciblant les expatriés asiatiques pose désormais la question de la pérennité des partenariats économiques sino-congolais.
Aux dernières nouvelles, aucune revendication ni demande de rançon n’avait été formulée. Les services de renseignement privilégient la piste des groupes armés locaux, habitués des prises d’otages lucratives. Une enquête judiciaire a été ouverte pour identifier les commanditaires de ce raid meurtrier.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
