Après le retrait des rebelles de l’AFC/M23 de Walikale centre le 2 avril dernier, une menace invisible persiste dans l’axe Walikale-Kibua. Des restes explosifs de guerre, abandonnés lors des combats entre wazalendo et insurgés, continuent d’être découverts. La dernière alerte remonte au week-end dernier : quatre bombes non explosées ont été identifiées à Kibua, selon des sources locales et médicales.
Deux engins mortels gisent toujours au parking de Kibua, espace transformé quotidiennement en marché improvisé. Les deux autres ont été repérés dans l’enceinte de l’hôpital général de référence de la localité. « Nous vivons avec la peur au ventre », confie un habitant sous couvert d’anonymat. Une cinquième bombe, localisée dans une école secondaire, aurait été évacuée par les FARDC selon des témoignages.
La réponse des autorités militaires interroge. Les deux explosifs du parking ont simplement été recouverts de terre, une mesure jugée « risquée et insuffisante » par les résidents. « Cet endroit est bondé toute la journée. Une étincelle pourrait tout faire sauter », s’alarme une vendeuse de légumes. Le Dr Isaac Bihango, directeur de l’hôpital de Kibua, rejoint ces inquiétudes : « Nos patients et le personnel sont en danger. Les FARDC doivent agir vite. »
Pourquoi ces bombes n’ont-elles pas été neutralisées ? Les questions restent sans réponse malgré nos multiples tentatives pour joindre les commandements militaires locaux. Kibua, actuellement sous contrôle conjoint de l’armée et des wazalendo, reste une poudrière potentielle. Les rebelles de l’AFC/M23 campent à quelques kilomètres, près de Kibati et Kashebere, selon des sources sécuritaires.
Cette situation illustre un défi majeur dans les zones post-conflit du Nord-Kivu. Les civils payent le prix lourd des stratégies de sécurisation approximatives. Combien de bombes dormantes menacent encore les habitations, écoles ou centres de santé ? Les organisations humanitaires locales réclament une cartographie urgente des risques.
Aucun calendrier n’a été communiqué pour le déminage des quatre engins restants. En attendant, la population de Kibua vit au rythme des rumeurs et des craintes. Un dilemme cruel pour ces familles : fuir et tout abandonner, ou rester en jouant à la roulette russe avec des explosifs enterrés ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd