Le Vatican a annoncé ce lundi le décès du pape François à l’âge de 88 ans, plongeant la communauté catholique mondiale dans une profonde émotion. Le souverain pontife s’est éteint « paisiblement » dans sa résidence, entouré de ses proches collaborateurs, selon un communiqué officiel du Saint-Siège. Cet événement marque la fin d’un pontificat de onze ans qui aura profondément marqué l’Église et bien au-delà.
Né Jorge Mario Bergoglio à Buenos Aires, ce jésuite argentin, premier pape non européen depuis près de 1 300 ans, avait imprimé à sa fonction une dimension résolument pastorale. Son mantra « Une Église pauvre pour les pauvres » résonnait particulièrement en République Démocratique du Congo, où sa visite historique de février 2023 reste gravée dans les mémoires. Plus de 80 000 fidèles s’étaient alors rassemblés au stade des Martyrs de Kinshasa, un record pour une cérémonie religieuse dans le pays.
Lors de ce voyage emblématique, le défunt pontife avait adressé un message sans concession aux dirigeants congolais : « La corruption fait de vous des esclaves ! Laissez la richesse du pays profiter à tous ! » Des paroles qui avaient fait trembler les gradins politiques tout en électrisant une jeunesse en quête d’espoir. Son appel à combattre le « tribalisme qui déchire les communautés » et les « violences armées à l’est du pays » résonne aujourd’hui avec une acuité particulière.
Quel héritage laisse-t-il à la RDC, nation comptant près de 40 millions de catholiques ? Pour Mgr Marcel Utembi, président de la Conférence épiscopale nationale, « son plaidoyer pour la paix dans le Kivu reste un programme inachevé que l’Église congolaise doit poursuivre ». Certains analystes politiques soulignent d’ailleurs que sa disparition intervient à un moment crucial pour la région des Grands Lacs, où les tensions sécuritaires persistent.
Sur le plan international, les réactions affluent déjà. Le président congolais Félix Tshisekedi a salué « un défenseur infatigable des opprimés », tandis que le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres évoque « une voix morale majeure du XXIe siècle ». À Rome, les préparatifs s’accélèrent pour des funérailles qui s’annoncent historiques : la messe de requiem à la basilique Saint-Pierre devrait rassembler une centaine de chefs d’État et des délégations de 130 pays.
La question de la succession pontificale plane désormais sur l’Église universelle. Si le conclave n’a pas encore de date officielle, les observateurs s’interrogent : le prochain pape poursuivra-t-il la ligne réformatrice ? Gardera-t-il cette attention particulière pour l’Afrique, continent où le catholicisme connaît la croissance la plus dynamique ? En RDC comme ailleurs, les fidèles espèrent un continuateur capable de concilier tradition et adaptations aux défis contemporains.
Sur le plan diplomatique, la disparition du pape François pourrait modifier certains équilibres. Son rôle de médiateur dans les crises internationales, son influence sur les questions d’écologie intégrale ou de justice économique restent insuffisamment remplacés. Pour Kinshasa, qui comptait sur son magistère moral pour maintenir une pression internationale sur les dossiers sécuritaires, c’est un allié de poids qui disparaît.
Alors que le Vatican entre dans le deuil protocolaire, les Églises africaines préparent déjà des commémorations à la mesure de leur attachement au défunt pontife. À Goma, un veillée œcuménique réunira ce soir victimes de conflits et acteurs de la société civile. À Lubumbashi, les séminaristes ont annoncé une marche silencieuse pour honorer celui qui déclarait : « La paix ne se trouve pas dans les bureaux climatisés, mais sur les routes poussiéreuses de la fraternité ».
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
