Dans un contexte sécuritaire volatile au Nord-Kivu, le nouveau commissaire provincial de la Police nationale congolaise (PNC) a adressé un message sans concession à ses troupes. Lors de sa première parade officielle au stade du 15 octobre de Beni, Dieudonné Makambo Gimba a tracé une ligne rouge face aux dérives pouvant compromettre la stabilité régionale.
Le ton est donné dès les premières minutes de cette prise de fonction symbolique : « La discipline reste notre bouclier contre le chaos ». Devant des centaines d’unités policières alignées, le haut gradé a martelé quatre impératifs catégoriques. Le respect strict de la hiérarchie, l’éradication des divisions tribales, la fin des extorsions envers les civils, et l’exécution immédiate des ordres.
Une mise en garde appuyée a particulièrement retenu l’attention des observateurs présents. « Trahir la nation équivaut à se trahir soi-même », a lancé le commissaire divisionnaire adjoint, faisant référence aux récentes défections au sein des forces de l’ordre. Son avertissement fait écho à un récent fait d’armes : plus de 300 policiers basés à Goma ont résisté aux tentatives de recrutement par les rebelles du M23 ces trois derniers mois.
La philosophie du nouveau chef policier repose sur un principe clé : la sécurité comme œuvre collective. « Protéger Beni ou Butembo ne relève pas seulement du fusil, mais de chaque interaction entre un uniforme et un citoyen », a-t-il insisté. Cette approche inclusive vise à restaurer une confiance érodée par des années de conflits armés et d’exactions.
Les analystes politiques relèvent plusieurs défis sous-jacents à ce discours. Comment appliquer cette doctrine dans une province où 40% des affrontements impliquent des groupes armés locaux ? La réponse du commissaire Gimba fuse, tranchante : « Notre légitimité naîtra de notre exemplarité. Un agent corrompu est une brèche dans notre dispositif sécuritaire. »
La cérémonie s’est achevée sur une note symbolique forte. Des unités d’élite ont présenté leurs équipements récemment rénovés, tandis qu’un dispositif de lutte contre les réseaux de financement illicite a été dévoilé. Preuve que les mots s’accompagnent désormais de moyens concrets ?
Cette prise de fonction intervient dans un moment charnière pour la sécurité au Nord-Kivu. Avec l’escalade des tensions à Rubaya et les récentes incursions présumées de groupes étrangers vers Lubero, chaque décision policière pèse lourd dans la balance géopolitique régionale.
Les prochains jours permettront de mesurer l’impact réel de ces directives. Une question demeure : cette fermeté affichée suffira-t-elle à enrayer les dynamiques conflictuelles profondes qui minent la région depuis des décennies ? La population, elle, observe. Et attend des actes.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
