Une nouvelle vague de violences armées secoue le territoire de Masisi, dans la province du Nord-Kivu, provoquant un exode massif de populations en l’espace de 48 heures. Selon les données recueillies par la plateforme Ehtools, plus de 77 178 personnes ont été contraintes d’abandonner leurs foyers entre le mardi 8 et le vendredi 11 avril. Cette situation alarmante soulève des questions cruciales sur la sécurité dans cette région déjà fragilisée par des années de conflits.
Les affrontements se sont intensifiés dans les groupements de Buabo et Banyungu, situés dans la zone de santé de Masisi. Ces combats opposent des groupes armés locaux, dans un contexte de rivalités persistantes pour le contrôle des territoires et des axes stratégiques, notamment ceux menant vers Walikale. Les populations civiles, une fois de plus, paient le prix fort de ces luttes de pouvoir.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 47 178 déplacés, soit environ 7 863 ménages, ont fui les villages de Miandja, Kalungu, Nyabyondo, Kaandja (dans le groupement Bapfuna) ainsi que Kashebere (territoire de Walikale). Ces familles, en quête de sécurité, se sont réfugiées dans des zones jugées moins exposées, telles que Lwibo, Bikunche et Muroba, toutes situées dans le groupement Buabo. Mais ces déplacements massifs posent des défis humanitaires majeurs.
La situation s’est encore aggravée le vendredi 11 avril, avec 30 000 autres personnes, issues de 5 000 ménages, contraintes de quitter les villages de Kilambo, Bulwa, Butambo et Kihuma. Certaines ont trouvé refuge à Mafuo, tandis que d’autres ont été forcées de se replier dans la brousse, exposées à des conditions de vie extrêmement précaires. Comment ces populations vont-elles survivre sans abri ni accès aux services de base ?
Cette nouvelle flambée de violence dans le Nord-Kivu rappelle cruellement l’instabilité chronique qui mine cette région riche en ressources. Les acteurs humanitaires sont une fois de plus appelés à intervenir dans l’urgence, alors que les besoins dépassent largement les capacités de réponse. Les autorités locales et nationales sont-elles à la hauteur de ce défi sécuritaire et humanitaire ?
Entre les lignes de front, ce sont des milliers de vies brisées, des enfants privés d’école, des familles séparées et des communautés entières plongées dans le désarroi. La répétition de ces crises dans l’est de la RDC interpelle sur l’efficacité des mécanismes de protection des civils et sur la volonté politique de mettre fin à ces cycles de violence. Quand les armes se tairont-elles enfin dans le Masisi ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd