La disparition soudaine d’Amisi Musada, journaliste du site d’information DeboutRDC, plonge la communauté médiatique congolaise dans l’inquiétude. Depuis le 15 avril, ce reporter basé à Bukavu, capitale du Sud-Kivu, a cessé toute communication. Son dernier déplacement connu remonte à ce matin-là, lorsqu’il a quitté son domicile pour rejoindre son lieu de travail.
Selon des sources proches du journaliste, Amisi Musada devait former une stagiaire ce jour-là, dans un contexte politique particulièrement tendu. Mais le reporter n’est jamais arrivé à destination. Aucun message, aucun appel n’a été enregistré sur son téléphone depuis cette disparition. Une situation qui alarme ses collègues et les organisations de défense des droits des journalistes.
Cette disparition intervient dans un contexte particulièrement troublant. Cinq jours plus tôt, le journaliste avait reçu des menaces explicites par téléphone. L’individu, se présentant comme un général d’armée, l’avait traité de “traître” et de “Rwandais”, lui “promettant le pire”. Ces menaces faisaient suite à un reportage d’Amisi Musada sur des exactions présumées commises par des militaires gouvernementaux dans le village d’Ihusi.
La région du Sud-Kivu reste en proie à des violences récurrentes opposant le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, aux forces armées nationales et aux milices Wazalendo. Dans ce contexte explosif, le travail des journalistes devient particulièrement périlleux. Reporters sans Frontières (RSF) a immédiatement réagi à cette disparition, exprimant sa profonde inquiétude.
“La disparition soudaine d’Amisi Musada quelques jours après avoir reçu de sérieuses menaces est extrêmement préoccupante”, a déclaré Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF. L’organisation appelle les autorités et les groupes armés contrôlant la région à tout mettre en œuvre pour retrouver le journaliste.
Cette affaire n’est malheureusement pas isolée. Les journalistes de DeboutRDC paient un lourd tribut pour leur travail d’investigation dans l’est de la RDC. En septembre 2020, deux de leurs reporters avaient déjà été arrêtés et convoqués par les autorités provinciales après avoir publié une enquête sensible impliquant l’avocat de l’ancien président Joseph Kabila.
La disparition d’Amisi Musada soulève des questions cruciales sur la liberté de la presse en RDC, particulièrement dans les zones de conflit. Alors que le pays s’apprête à célébrer la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai prochain, ce cas rappelle cruellement les risques encourus par les journalistes congolais dans l’exercice de leur métier.
Les autorités provinciales n’ont pas encore communiqué officiellement sur cette disparition. La famille du journaliste et ses collègues réclament une enquête rapide et transparente. Dans une région où les enlèvements et les violences contre les civils sont monnaie courante, chaque heure compte pour retrouver Amisi Musada sain et sauf.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd