La première session de l’assemblée générale ordinaire du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) s’est clôturée ce jeudi 17 avril à la Cour de cassation de Kinshasa, sous la présidence de la Première ministre. Cette session historique a abouti à l’adoption de 59 résolutions et 8 recommandations ambitieuses, marquant un tournant décisif pour la réforme du système judiciaire en République Démocratique du Congo.
Parmi les mesures phares adoptées, le CSM propose un budget révolutionnaire de 736 milliards de francs congolais (environ 258 millions USD) pour l’année 2026, visant à garantir l’autonomie financière du pouvoir judiciaire. Cette enveloppe budgétaire, la plus importante jamais allouée à la justice congolaise, permettra de financer des réformes structurelles longtemps attendues.
La numérisation intégrale des services judiciaires figure parmi les priorités absolues, avec pour objectif déclaré de « garantir transparence et célérité » dans le traitement des dossiers. Parallèlement, le CSM prévoit la construction de cités judiciaires dans toutes les provinces du pays, comprenant des palais de justice modernes et des logements pour magistrats, afin de rapprocher la justice des citoyens.
Le Président du CSM, Dieudonné Kamuleta Badibanga, a marqué la clôture des travaux par une déclaration sans équivoque : « Désormais, plus rien ne sera comme avant les assises de cette Assemblée générale ordinaire ». Ces propos traduisent la détermination affichée par l’institution à mettre en œuvre les résolutions adoptées sous le thème de la « renaissance de la magistrature au service du peuple ».
Dans son allocution, la Première ministre a réaffirmé le soutien indéfectible du Chef de l’État à ces réformes judiciaires, qualifiant les magistrats de « gardiens de l’État de droit ». Elle a particulièrement insisté sur la nécessité d’une justice « accessible, équitable et respectée », tout en dénonçant les zones où « la justice est bafouée par la terreur », en référence aux régions affectées par les activités des groupes armés.
Pour concrétiser ces ambitieuses réformes, un cadre de concertation régulier entre le Gouvernement et le CSM sera instauré. Ce mécanisme de dialogue institutionnel vise à harmoniser les efforts tout en préservant l’indépendance judiciaire, selon les déclarations de la cheffe du Gouvernement.
Parmi les autres mesures notables figurent l’uniformisation de l’âge de la retraite des magistrats à 70 ans, la création de nouvelles juridictions spécialisées (tribunaux pour enfants et militaires), ainsi que le renforcement des chambres disciplinaires pour lutter contre la corruption au sein de l’appareil judiciaire.
Alors que le CSM s’apprête à transmettre officiellement ces résolutions au Président de la République dans les prochains jours, la balle est désormais dans le camp des magistrats congolais, appelés à incarner ce changement radical des mentalités. Comme l’a souligné Edmond Isofa, procureur de la République et président du Syndicat autonome des magistrats du Congo, « la renaissance de la magistrature commence par le respect de la loi ».
Cette session marque-t-elle le début d’une nouvelle ère pour la justice congolaise ? Si les résolutions adoptées sont effectivement mises en œuvre, elles pourraient constituer un tournant historique dans la construction d’un État de droit en RDC. Reste à voir comment ces ambitieuses réformes se concrétiseront sur le terrain, dans un contexte où les attentes des citoyens en matière de justice indépendante et performante n’ont jamais été aussi fortes.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net