Le territoire de Bagata, dans la province du Kwilu, est à nouveau en proie à une insécurité grandissante avec la résurgence du phénomène Mobondo. Selon les autorités locales, onze entités, dont les villages Lwono, Nselemwebi, Kimpaji, Makomako et Mvulabanku, sont actuellement sous le contrôle de ces miliciens. Cette situation a contraint des milliers d’habitants à fuir vers des zones plus sécurisées, abandonnant leurs terres et leurs biens.
Les témoignages recueillis font état d’actes de sabotage et de violences physiques perpétrés par les Mobondo. Certains villages, comme Nselemwebi, Makomako et Mvulabanku, ont été entièrement vidés de leurs populations. Les miliciens se sont emparés des terres, des champs et du bétail des déplacés, allant jusqu’à établir une administration parallèle dans certaines zones. À Lwono, par exemple, les Mobondo imposent désormais des taxes aux rares habitants restants, créant ainsi un climat de terreur et d’instabilité.
Le député national élu de Bagata, Garry Sakata, a tiré la sonnette d’alarme, qualifiant cette situation de « rébellion ». Il déplore l’inaction des autorités face à cette crise qui perdure depuis plusieurs semaines. « Les anciens occupants de ces villages sont aujourd’hui réfugiés à Bandundu-ville, Kinshasa ou Kenge, tandis que les Mobondo se sont approprié leurs biens », a-t-il déclaré. Cette situation soulève des questions cruciales sur la capacité des forces de sécurité à rétablir l’ordre dans la région.
Les conséquences économiques de cette insécurité sont également dramatiques. Selon le directeur général de la régie financière du Kwilu, la province a perdu plus de 40 millions de francs congolais entre juillet 2024 et fin février 2025 en raison de l’activisme des Mobondo dans le secteur de Wamba. Quatre des six postes de perception des recettes de la Direction générale des recettes du Kwilu (DGREK) ont dû être abandonnés, notamment ceux de Fasila, Parking BRB, Kintsiona et Mvulabanku, privant ainsi la province de revenus essentiels.
Face à cette crise, les populations locales réclament une intervention urgente des autorités pour mettre fin à cette spirale de violence. La situation dans le territoire de Bagata illustre une fois de plus les défis sécuritaires auxquels est confrontée la RDC, notamment dans ses régions les plus reculées. Comment expliquer que des milices puissent opérer en toute impunité, semant la désolation et l’exode parmi les populations civiles ? La réponse à cette question pourrait bien déterminer l’avenir de cette partie du Kwilu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd