Les agriculteurs de la région de Kibirizi, située au nord de la chefferie de Bwito dans le territoire de Rutshuru, sont confrontés à une paralysie complète de leurs activités agricoles depuis deux jours. En cause, des affrontements d’une intensité rare ayant éclaté mardi soir et se poursuivant jusqu’au mercredi 27 mars, entre les groupes armés Wazalendo et les rebelles du M23/AFC. Ces heurts se concentrent dans la localité de Kyasenda et ses environs, situé à quelques kilomètres de Kibirizi sur l’axe Rwindi, au cœur du parc national des Virunga.
Le climat d’insécurité qui règne dans cette région du Nord-Kivu continue de précariser la vie quotidienne des habitants. Selon des sources locales, bien que l’ensemble du territoire de Rutshuru soit sous le contrôle des rebelles du M23, des poches de résistance subsistent ailleurs. Kyasenda, par exemple, est toujours sous le contrôle des groupes armés Léopards et APCLS, déterminés à ne pas céder face aux incursions des rebelles du M23. Ces derniers, en quête de domination territoriale, tentent de déloger les forces en place, ce qui ne fait qu’accroître les tensions.
« Les villageois craignent pour leurs vies, et beaucoup d’entre eux se sont réfugiés dans des zones plus éloignées, abandonnant leurs champs et leurs moyens de subsistance », rapporte un habitant sous couvert d’anonymat. Le parc national des Virunga, déjà en proie à plusieurs défis environnementaux, devient à son tour une zone stratégique importante dans ce conflit qui n’en finit pas.
L’agriculture, principale source de survie pour les habitants de cette région reculée, se trouve lourdement impactée. Les cultivateurs, privés d’accès à leurs champs, subissent les conséquences directes de ces affrontements armés. Nombre de familles craignent des pénuries alimentaires imminentes alors que la saison des récoltes devait être un moment crucial pour assurer leur subsistance au cours des mois à venir.
Ce regain de violence relance la question de la résorption des conflits locaux dans l’Est de la RDC. Quelles stratégies la communauté internationale et le gouvernement congolais peuvent-ils envisager pour stabiliser cette région et mettre un terme aux luttes intestines qui s’y multiplient ? Pendant que les négociations stagnent, la population civile, elle, paye le prix fort, contrainte de fuir et de survivre en marge de la guerre.
La région de Rutshuru, tristement connue pour son instabilité chronique, fait face à une arme à double tranchant : d’un côté, des forces armées rebelles cherchant à s’implanter durablement ; de l’autre, des groupes de résistances locales, décidés à ne pas céder. Cette situation dramatique pose une fois de plus la nécessité d’une urgence humanitaire et d’un plan d’action rapide pour un retour à la paix, et avec elle, à la normalisation des activités agricoles vitales à la région. Alors que le conflit persiste, les habitants espèrent un dénouement qui reste, malheureusement, difficilement perceptible à court terme.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
