Dans un contexte déjà marqué par une instabilité chronique, le rapport de Médecins sans frontières (MSF) intitulé « Risquer sa vie pour vivre » publié ce mardi 25 mars vient jeter une lumière crue sur la réalité des violences armées en Ituri. Ce document, troublant à bien des égards, met en exergue les drames humains consécutifs à l’emprise des groupes armés sur cette province orientale de la RDC. Parmi les révélations marquantes, MSF s’attarde sur les attaques répétées et ciblées contre les structures sanitaires dans cette région.
L’hôpital général de référence de Drodro, situé dans le territoire de Djugu, a notamment été contraint de suspendre ses activités à quatre reprises depuis le début des violences en 2017. Ces suspensions, qui ont suivi des attaques directes des groupes armés, se sont échelonnées les 21 novembre 2021, 8 janvier 2023, 13 mars 2023 et tout récemment, le 6 mars 2024. Lors de cette dernière attaque, des miliciens du groupe armé CODECO auraient non seulement pillé l’hôpital, mais auraient également directement visé les patients et le personnel soignant.
Le rapport détaille que parmi les victimes de cette attaque figure une femme de plus de 80 ans, tuée alors qu’elle se trouvait sur son lit d’hôpital. Ce drame souligne la brutalité extrême de ces assaillants, dont les actions enfreignent ouvertement le droit international humanitaire. Suite à cet événement, l’hôpital de Drodro est resté non opérationnel durant deux semaines, tandis que le service pédiatrique, soutenu par MSF, a suspendu ses activités pendant près de trois mois par manque de sécurité et de garanties minimales pour le personnel et les patients.
L’impact de ces violences dépasse le cadre de cet unique établissement médical. Environ 200 000 personnes, dépendent directement de l’accès à l’hôpital de Drodro et à ses services pour leur survie. La suspension ou l’interruption des soins en raison de ces attaques équivaut souvent à une condamnation à mort implicite pour les habitants de la zone de santé de Drodro, où rares sont les alternatives sanitaires.
Ces attaques mettent aussi en lumière une autre facette des conflits armés en Ituri : celle d’une guerre sans règles ni considérations pour le respect des droits humains. Les structures de santé, censées être épargnées par les violences conformément au droit international humanitaire, deviennent malheureusement des cibles fréquentes. Comme le rappelle MSF, attaquer directement un hôpital constitue une violation grave de ces droits et expose les populations déjà fragilisées à d’importantes privations médicales.
Face à cette situation alarmante, des questions s’imposent : quelles sont les mesures concrètes à prendre pour protéger les infrastructures sanitaires en zone de conflit ? Quel rôle la communauté internationale et les autorités locales peuvent-elles jouer pour mettre fin à une telle barbarie ? En attendant des réponses concrètes, les populations de l’Ituri continuent de payer le prix fort de cycles de violence qui semblent sans fin.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
