Le Vatican a dévoilé ce dimanche une image poignante du pape François, capturée lors d’un moment de prière après une messe concélébrée depuis sa chambre d’hôpital à Rome. Ce cliché marque la première apparition publique du souverain pontife depuis plus d’un mois, période marquée par un combat contre une double pneumonie. Assis dans un fauteuil roulant, vêtu d’une blouse blanche et d’une étole violette, le pape, maintenant âgé de 88 ans, affiche une posture de défi face à l’épreuve de la maladie.
Cette crise de santé, qui l’a cloué à l’hôpital depuis le 14 février, a incité François à exprimer un message émouvant de gratitude envers ses fidèles, soulignant leur dévouement et leurs prières. Il évoque un « temps d’épreuve » et sa propre « fragilité », tout en donnant des remerciements sincères depuis l’hôpital de Rome où il est soigné.
Mais derrière ces moments de vulnérabilité transparaît un enjeu bien plus grand pour l’Église catholique. Le pape a convoqué les cardinaux pour un consistoire, un futur rassemblement au cours duquel l’avenir de son pontificat pourrait être abordé. Cette initiative alimente les spéculations sur ses potentiels successeurs, avec des figures comme Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa, et Robert Sarah, cardinal guinéen, au cœur du débat. Ces deux chefs religieux africains incarnent des visions divergentes pour le catholicisme, dessinant un scénario où l’Afrique pourrait jouer un rôle déterminant dans l’avenir du Vatican.
Fridolin Ambongo, cardinal depuis 2018, est une figure respectée tant dans son pays, la République démocratique du Congo, qu’à l’échelle internationale. Théologien dévoué et homme d’action, il a gagné la confiance du pape François grâce à son engagement politique et social. Que ce soit en défendant des élections justes en RDC ou en appelant à la fin des conflits dans l’est du pays, Ambongo s’est imposé comme une figure incontournable de l’Église. Cependant, cette proximité avec François a été mise à l’épreuve en 2024 lorsque l’archevêque a signé une déclaration rejetant la bénédiction des unions homosexuelles, une mesure favorisée par le souverain pontife. Néanmoins, leur relation, basée sur le respect mutuel, demeure forte, si bien que François n’écarterait pas la possibilité d’un premier pape africain en la personne d’Ambongo.
À l’opposé du progressisme de François, le cardinal Robert Sarah, ancien archevêque de Conakry, reste une figure centrale du courant conservateur de l’Église. Créé cardinal par Benoît XVI, Sarah s’est souvent opposé aux réformes radicales de François. Sa capacité à rassembler un vaste réseau d’évêques africains pour défendre les valeurs traditionnelles fait de lui un acteur influent, bien que son éligibilité au conclave expire en 2025 en raison de son âge. Malgré cela, son poids doctrinal et son charisme demeurent cruciaux dans l’élaboration des nouvelles orientations de l’Église.
Alors que les regards restent braqués sur le Vatican, la possible ascension d’un cardinal africain au pontificat symboliserait une évolution majeure dans la représentation de l’Église à l’échelle mondiale. Les qualités diverses de Fridolin Ambongo et Robert Sarah reflètent les tensions entre modernité et conservatisme, deux forces qui façonnent aujourd’hui le catholicisme. Quelle sera la décision du consistoire ? Et surtout, l’Afrique deviendra-t-elle le nouveau centre de gravité du catholicisme mondial ? Ces questions, cruciales pour des millions de fidèles, trouveront peut-être leurs réponses dans les mois à venir.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net