La province du Nord-Kivu, déjà fragile en raison des conflits incessants, fait face à une crise humanitaire et sanitaire de grande ampleur. Le ministère de la Santé, Hygiène et Prévoyance sociale alerte sur une série d’enlèvements à Goma, directement liés aux attaques des rebelles du M23. Ces kidnappings visent les patients, les blessés et leurs accompagnants dans les principaux centres hospitaliers de la région. Cette situation a été révélée lors d’une réunion consacrée à la situation épidémiologique de la Mpox dans l’Est de la RDC.
Selon les chiffres avancés par le ministère, 116 personnes ont été enlevées à Goma. Parmi elles, 46 étaient blessées et 70 accompagnaient des malades. Les incidents les plus graves ont été rapportés au centre hospitalier de Ndosho, où la plupart des enlèvements ont eu lieu, et au centre Heal Africa qui a vu 38 blessés pris de force. À ce jour, seulement 20 otages ont pu être libérés, laissant une grande partie des victimes dans des lieux inconnus.
Dieudonné Mwamba, Directeur général de l’Institut National de Santé Publique, exprime son inquiétude face à une situation qui génère une peur indescriptible. « Plus de 28 malades ont été enlevés dans les hôpitaux au niveau de Goma. Certains sont à des destinations inconnues. Cela crée une psychose chez les autres patients et leurs accompagnants, qui désertent les lieux de traitement par peur d’être également enlevés », a-t-il déclaré. Cette peur se traduit directement par une diminution de la fréquentation des centres médicaux, ce qui complique encore plus la gestion des crises sanitaires dans la région.
La situation épidémiologique de la Mpox ajoute une autre couche de complexité à ces défis. Pour la seule semaine 9 de l’année 2025, 2 138 cas suspects ont été enregistrés, ainsi que 23 décès. Avec un taux de létalité oscillant entre 1,08 % et 1,83 %, la maladie progresse dans une région déjà meurtrie. Sur un total de 15 977 cas confirmés, 514 660 personnes ont néanmoins reçu la première dose du vaccin contre la Mpox, laissant entrevoir un espoir de maîtrise de cette épidémie. Mais cet espoir est vite assombri par la destruction de six centres de traitement situés dans des zones telles que Lushagala, Rusayo, et Mugunga, rendant l’accès aux soins encore plus difficile.
Des affrontements incessants entre l’armée congolaise et le M23 ont laissé une traînée de blessures physiques et psychologiques. On dénombre à ce jour 5 588 blessés liés aux combats, sans compter les 8 387 décès cumulés, dont une majorité retrouvés dans les morgues ou récupérés dans les communautés locales. Une tragédie supplémentaire a marqué Goma récemment : environ 500 corps ont été brûlés vifs lors d’une évasion massive dans une prison.
À cela s’ajoutent des cas épidémiques comme le choléra, particulièrement préoccupants à Goma et Nyiragongo, avec 141 et 33 cas respectivement. Ces maladies, combinées à la violence ambiante, illustrent une crise multidimensionnelle qui nécessite une réponse urgente et coordonnée.
Alors que la situation humanitaire continue de se détériorer, la question demeure : jusqu’où ira l’escalade du conflit au Nord-Kivu, et quelles mesures concrètes prendront les autorités nationales et internationales pour mettre fin à ce cycle de violence et de désespoir ? L’heure est venue pour une mobilisation sans précédent afin de sauver des vies et restaurer un semblant de normalité dans cette région tourmentée.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd