Face à une crise humanitaire sans précédent, le Réseau pour les Droits de l’Homme (REDHO) tire la sonnette d’alarme sur les conditions déplorables dans la prison urbaine de Kakwangura, située à Butembo dans la province du Nord-Kivu. Conçue pour accueillir tout au plus 250 prisonniers, cette prison en héberge aujourd’hui plus de 1 700, soit près de sept fois sa capacité maximale. Une surpopulation qui n’est pas sans conséquences, et qui a conduit à une série de décès tragiques : 82 détenus ont succombé en moins de dix mois, selon des rapports locaux.
Le coordonnateur du REDHO, Muhindo Wasivinywa, a exprimé ses préoccupations, soulignant que cette situation alarmante est exacerbée par la présence de quelque 750 militaires FARDC. Ces soldats, qualifiés de fuyards pour avoir quitté le front dans le sud du territoire de Lubero, sont aujourd’hui incarcérés à Kakwangura, ajoutant une pression insupportable sur une structure déjà dépassée. “Le nombre très élevé de ces détenus militaires nous préoccupe particulièrement, car il aggrave des conditions de détention déjà inhumaines”, a déclaré Muhindo Wasivinywa.
Les conditions auxquelles sont confrontés les détenus tiennent davantage d’un cauchemar que d’un environnement censé favoriser la réhabilitation. Le surpeuplement entraîne une détérioration grave des services de base, notamment en alimentation, en soins médicaux et en hygiène, rendant la détention plus mortelle que réformatrice. Selon le REDHO, ces conditions ne font qu’alimenter un cycle de souffrance et de déshumanisation.
Pour remédier à la situation, le REDHO appelle les autorités judiciaires à prendre des mesures concrètes et urgentes pour désengorger Kakwangura. Parmi les solutions avancées figurent le transfert des militaires détenus vers d’autres établissements pénitentiaires mieux adaptés et l’application de l’ordonnance présidentielle portant mesures de grâce, qui permettrait de libérer certains prisonniers. Ces propositions, si elles sont mises en œuvre, pourraient non seulement apaiser la crise actuelle, mais aussi poser les bases d’un système carcéral plus humain et fonctionnel.
Cette situation à Kakwangura reflète de façon plus large les défis majeurs auxquels sont confrontés de nombreux établissements pénitentiaires en République démocratique du Congo. Elle interpelle également sur la nécessité d’une réforme globale du système de justice pénale dans un pays où les droits humains restent souvent en péril. Le sort des détenus de Kakwangura, et plus largement l’état des prisons en RDC, est une problématique qui mérite l’attention, non seulement des autorités congolaises, mais aussi de la communauté internationale. Peut-on vraiment ignorer ces vies brisées, sacrifiées sur l’autel de l’indifférence ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net