Le Conseil de l’Union Européenne prépare un tournant décisif dans la gestion de la crise sécuritaire qui secoue l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). En effet, ce lundi 17 mars, les dirigeants européens se réuniront afin d’examiner de nouvelles mesures, notamment des sanctions individuelles à l’encontre de responsables rwandais, accusés de soutenir la rébellion du M23. Une source diplomatique confirmant ce développement indique que “ces sanctions ont été retardées pour s’imprégner de la situation sur le terrain, maintenant le Conseil est prêt.”
Depuis des mois, l’Union Européenne intensifie ses actions visant à contenir l’instabilité sécuritaire dans les provinces de l’Est congolais, un conflit exacerbé par la montée en puissance du groupe rebelle M23, prétendument appuyés par le Rwanda. Déjà le 24 février dernier, l’Union Européenne avait entériné une décision politique autorisant la préparation d’une liste de personnalités rwandaises ciblées. Johan Borgstam, représentant spécial de l’UE pour la région des Grands Lacs, avait confirmé que “les détails sont désormais à l’étude par les départements juridiques de l’UE.”
Les mesures envisagées reflètent également une pression internationale croissante. Les États-Unis ont récemment pris position en annonçant des sanctions financières contre James Kabarebe, ministre de l’intégration régionale rwandais, et Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23. Ces décisions visent à isoler politiquement et financièrement les acteurs accusés d’alimenter le conflit armé en RDC depuis plusieurs décennies.
L’Europe n’en est toutefois pas à ses premières initiatives sanctions contre Kigali. L’UE avait déjà suspendu ses consultations sur les questions de défense avec le Rwanda et s’était engagé à réexaminer le mémorandum d’entente concernant les matières premières stratégiques. Ces sanctions s’inscrivent dans une démarche politique visant à responsabiliser Kigali sur ses agissements dans l’est congolais.
En réponse, Kigali ne reste pas immobile. Une tournée diplomatique en Europe a été entamée par le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, pour tenter de désamorcer la confrontation diplomatique. Celui-ci a rencontré, entre autres, Kaja Kallas, haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la sécurité, ainsi que vice-présidente de la Commission européenne.
Alors que l’Union Européenne semble alignée sur les positions américaines, la question persiste : ces sanctions suffiront-elles à apaiser la situation et mettre fin à des années de souffrance et d’instabilité pour les populations civiles de l’Est congolais ? Avec une communauté internationale de plus en plus mobilisée contre ces agissements, cette réunion du Conseil de l’UE pourrait représenter un point de bascule. L’attente reste vive, notamment en RDC, où l’incertitude quant aux répercussions de ces décisions nourrit à la fois espoir et scepticisme.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd