Au Nord-Kivu, l’ombre menaçante des rebelles du M23/AFC continue de semer l’insécurité et la peur parmi les communautés locales. Depuis la prise de Nyabiondo la semaine passée, les insurgés ont poursuivi leur avancée jusqu’à s’emparer, mercredi soir, de la cité de Kashebere. Cet endroit stratégique, situé à une quarantaine de kilomètres de Masisi-centre, représente un point névralgique pour les forces rebelles en quête d’influence dans la région.
La situation, tendue et incertaine, plonge davantage les habitants dans un cycle incessant de déplacements et de souffrance. Lorsque les rebelles sont arrivés à Kashebere, ils ont même organisé un rassemblement, témoignant de leur contrôle sans être inquiétés. Ce tournant crucial met en évidence la vulnérabilité des territoires environnants, notamment Walikale-centre, situé à environ cent kilomètres. Des observateurs craignent que cette cité ne devienne la prochaine cible, ouvrant potentiellement la voie vers Kisangani, une ville plus importante et stratégiquement significative.
Alors que les forces de défense travaillent sous une pression immense, des renforts composés de Wazalendo et des FARDC seraient déployés depuis Pinga. Mais les affrontements sporadiques signalés aux abords de Nyabiondo jeudi matin reflètent la complexité d’une opération militaire contre un ennemi en mouvement constant. Les habitants, quant à eux, continuent de payer un lourd tribut, entre ceux qui fuient vers le centre de santé de Nyabiondo pour bénéficier d’aides limitées et ceux qui partent se réfugier dans la brousse. La stabilité régionale est bien loin d’être rétablie.
Cette instabilité croissante a également des répercussions économiques et humanitaires, affectant notamment le secteur minier. La société Alpha Mine Bisiye Mining, opérant dans la région, a commencé à évacuer son personnel en raison des risques accrus. Une décision lourde en conséquences, non seulement pour les emplois locaux, mais aussi pour l’économie déjà fragile de cette région riche en ressources minières.
Les déplacements massifs des habitants des localités de Kibua, Luvungi et d’autres villages ne font qu’exacerber un bilan humanitaire désastreux, amplifié par l’absence chronique d’infrastructures. Dans ce contexte, les autorités locales et internationales sont confrontées à l’urgence de solutionner cette crise sécuritaire et d’envisager des réponses adaptées pour protéger les civils. Les défis humanitaires et les besoins en infrastructures, tels que les routes et les centres de santé, ne cessent de croître, rendant la situation désespérée dans cette partie du Nord-Kivu où l’insécurité est devenue le quotidien.
Les jours à venir s’annoncent cruciaux pour l’avenir de cette région. La question demeure : à quel point l’avancée du M23 va-t-elle redéfinir le fragile équilibre dans le Nord-Kivu ? Les autorités parviendront-elles à freiner cette escalade ou assisterons-nous à une nouvelle phase de détérioration sécuritaire avec des répercussions alarmantes sur l’ensemble de la province et au-delà ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net