Dans un climat de tensions intenses, les villages de Rurambo et Kigarama, situés dans la chefferie de Bafuliro sur les hauts plateaux d’Uvira (Sud-Kivu), ont récemment basculé sous le contrôle des rebelles de l’AFC/M23. Cette évolution inquiétante intervient après que le groupe wazalendo Rushaba, opéré dans la région, ait fait allégeance à la rébellion de l’AFC/M23. Avant cette association, ces deux groupes rebelles étaient impliqués dans des affrontements contre un troisième acteur, les wazalendo dirigés par Ruma Hondwa, à proximité de Kaziba, dans le territoire de Walungu.
Selon des témoignages recueillis sur place, les combats ont éclaté à Rurambo et Kigarama, opposant les rebelles de l’AFC/M23 et leurs nouveaux alliés aux wazalendo de Ruma Hondwa. Ces affrontements ont duré près de 13 heures, de 4h à 17h, avant que les villages ne tombent aux mains des rebelles. Pacifique Kararuka, président de la nouvelle société civile d’Itombwe, a corroboré ces informations, précisant que le groupe de Ruma Hondwa a dû se replier face à la pression des forces adverses.
La périlleuse alliance entre les factions rebelles suscite des inquiétudes considérables. Le groupe wazalendo dirigé par Rushaba a non seulement facilité le passage des combattants du M23, mais a également renforcé leur position grâce à l’appui des miliciens Twirweneho. Ces derniers avaient d’ailleurs récemment prêté allégeance à l’AFC/M23 après la disparition de leur chef, Makanika. Selon des sources locales, des accords stratégiques ont été mis en place, notamment à Kashama, où Rushaba aurait cédé certaines positions au M23 pour assurer leur progression tactique. Cette coalition se renforce désormais autour de trois acteurs majeurs : les Banyamulenge basés à Kahololo/Marungu, les wazalendo de Rushaba, et les combattants du M23 venus de Kaziba.
Cependant, cette dynamique a de graves répercussions sur la Task force, une coalition formée par des militaires congolais, des forces burundaises, et des wazalendo. L’allégeance de Rushaba au M23 a porté un coup dur à cette union. D’après les membres de la société civile locale, cette défection a accentué l’instabilité dans la région, conduisant à de nouveaux affrontements à Kashama et, plus récemment, à Kigarama. Il semble que la coalition pro-gouvernementale soit désormais dans une position critique face à la montée en puissance de cette alliance rebelle.
En dépit de ces troubles, certains territoires restent sous contrôle gouvernemental. Les villages de Murambi, Kitoga, Babingwa, Kitembe et Kahusi demeurent des bastions de la coalition regroupant forces congolaises et burundaises. Toutefois, la situation reste extrêmement fragile, et de nouveaux combats pourraient éclater à tout moment.
Les hauts plateaux du Sud-Kivu, théâtre régulier de luttes intergroupes, continuent de plonger dans un cycle infernal de violences et de rivalités. L’escalade récente rappelle une fois de plus l’urgence de trouver une solution durable à ce conflit, qui ne cesse de déstabiliser une partie significative de la région. La communauté nationale et internationale est appelée à adresser ces défis pour restaurer la stabilité et ramener la paix dans ces zones troublées.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
