Alors que la majorité des habitants de l’ouest de Goma s’éveillait, ce jeudi 23 janvier, la panique a rapidement envahi les camps de déplacés situés à Mugunga. À une vingtaine de kilomètres de là, dans la cité de Sake, des populations fuient des combats intenses entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 soutenus par leurs alliés. Ce conflit, qui s’intensifie, s’accompagne de tirs d’obus ayant atteint les abords des camps de déplacés, situation qui exacerbe l’angoisse et laisse des blessés parmi une population déjà meurtrie.
Les scènes de détresse observées à Goma illustrent une crise humanitaire alarmante. Selon la société civile de Karisimbi, des milliers de déplacés sont contraints de quitter les camps, certains se réfugiant dans des familles d’accueil ou dans des quartiers plus sécurisés de la ville. Mais d’autres, privés d’alternatives, errent sans secours, livrés à eux-mêmes dans des conditions inhumaines. « Cette situation est devenue très alarmante », témoigne Christian Kamalemo, président de la société civile locale. Il appelle à une intervention rapide des autorités provinciales et nationales, ainsi que des organisations humanitaires, dénonçant une « injustice imposée par le Rwanda ».
Alors que la panique grandit, les établissements scolaires de Goma n’échappent pas aux bouleversements. À l’institut Mont Goma, l’ordre a été donné aux élèves de retourner chez eux depuis lundi, et les cours restent suspendus jusqu’à nouvel ordre. Muhindo Kakule Donatien, directeur des études, témoigne : « Les détonations d’armes lourdes ont perturbé nos activités à plusieurs reprises cette semaine, et nous craignons pour la sécurité des enfants. » Cette fermeture vient souligner un quotidien bouleversé et chaotique pour les habitants de Goma.
L’ampleur de cette crise dépasse les frontières de la ville. Plus de 178 000 personnes ont été déplacées dans les zones de Bweremana, Minova, et Kalungu, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA). Ces chiffres traduisent la catastrophe humanitaire en cours dans cette région du Nord-Kivu et au-delà. Malgré des efforts isolés d’ONG et de familles d’accueil, les besoins essentiels – accès à l’eau, à la nourriture et aux soins – demeurent largement insatisfaits.
Les habitants de Goma, les déplacés et les acteurs humanitaires se battent contre une crise qui s’aggrave de jour en jour. Cette situation appelle à une action urgente de toutes les parties, qu’elles soient locales ou internationales. Quelle sera l’ampleur de l’aide, et combien de temps cette population devra-t-elle encore attendre pour obtenir un semblant de sécurité et de dignité?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
