C’est une révélation qui fait frémir les défenseurs des droits de l’Homme en République Démocratique du Congo. La Fondation Bill Clinton pour la paix, par la voix de son président Emmanuel Cole, a dénoncé avec véhémence le « monnayage » de la grâce présidentielle dans les prisons, notamment à la tristement célèbre prison centrale de Makala à Kinshasa. Cette pratique, qui dénature profondément une mesure destinée à alléger les souffrances des prisonniers, pourrait bien cacher un système organisé et lucratif.
Emmanuel Cole, lors d’une interview exclusive accordée à Radio Okapi, n’a pas mâché ses mots. « Le monnayage de la grâce présidentielle ne date pas d’aujourd’hui », a-t-il expliqué. Selon ses affirmations, ce sont les gouverneurs de pavillons ainsi que certains greffiers qui collecteraient des sommes auprès des détenus, transformant ainsi la clémence en une transaction purement financière. Se posant en porte-parole des victimes de ce système, Cole soulève une question préoccupante : où va réellement cet argent ? Et surtout, pourquoi les bénéficiaires devraient-ils s’acquitter de quelconques frais pour un droit censé être gratuit ?
Au-delà de ces révélations, Cole s’attaque également aux déviances dans l’application de cette mesure présidentielle. Il alerte sur la tendance croissante à disqualifier certaines infractions, notamment pour des crimes graves comme le viol, en vue de les rendre éligibles à cette grâce. Une pratique qu’il qualifie d’inquiétante et qui, selon lui, nuit à l’efficacité et à l’équité de cette mesure. « Ce n’est pas seulement à Makala, mais aussi dans d’autres prisons à travers la République. Il faut que ces abus cessent immédiatement », insiste-t-il.
Focalisant son plaidoyer sur les limites à imposer à l’exercice de cette grâce présidentielle, il estime qu’un tri rigoureux des bénéficiaires est indispensable pour éviter l’impunité. En outre, il invite le ministre de la Justice et Garde des Sceaux à agir fermement contre toute tentative de « business » autour de cette mesure. Emmanuel Cole en appelle à une réforme en profondeur pour restaurer la crédibilité de cet acte de clémence.
Alors que l’affaire prend de l’ampleur dans les médias et sur les réseaux sociaux, le cabinet du ministre de la Justice, Constant Mutamba, a annoncé qu’une réaction serait communiquée dans les jours à venir. Reste à savoir si cette réaction viendra éclairer les zones d’ombre ou apaiser les inquiétudes soulevées par les révélations de la Fondation Bill Clinton pour la paix.
Face à ces nouveaux rebondissements, une question s’impose : la grâce présidentielle peut-elle encore jouer son rôle sans être perçue comme une faveur monnayable ? La presse congolaise, ainsi que les organisations de la société civile, attendent des réponses claires et des mesures audacieuses pour mettre fin à ce scandale naissant.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net