Les déplacés de guerre dans et autour de Goma vivent une situation alarmante, marquée par des actes de violence récurrents. Ces camps, qui devraient offrir un refuge en période de crise, sont devenus des zones d’insécurité où les civils sont de plus en plus les cibles principales. L’incident survenu le mardi 7 janvier dans le camp Lushagala, à l’ouest de Goma, en est une triste illustration.
Au cours de cette soirée tragique, trois civils ont été grièvement blessés par un militaire après une altercation qui aurait éclaté suite à une tentative de pillage. Parmi les victimes, une femme âgée de 65 ans et deux hommes, dont un jeune commerçant de 30 ans, ont été touchés par balles aux membres inférieurs et à l’abdomen. Transportés d’urgence à l’hôpital CEBCA Ndosho, leur état reste encore préoccupant.
Ces actes de violence ont provoqué une vive colère parmi les déplacés de Lushagala, qui ont réagi en lynchant le militaire impliqué. Le président de la société civile du quartier Mugunga, M. Tshibambe Bujiriri Paul Bienvenu, a fermement condamné cet incident, qualifiant ces actes de « barbarie » et soulignant l’urgence d’une meilleure gestion des forces armées : « Nos munitions devraient être utilisées contre les RDF-M23, pas contre nos propres frères ». Ce cri d’alarme reflète un sentiment partagé par de nombreux habitants de Goma, pris en étau entre le conflit avec le M23 et une insécurité grandissante dans les camps de déplacés.
Les violences croissantes dans ces lieux censés être sûrs préoccupent également les organisations humanitaires. Ces dernières, déjà confrontées à de nombreux défis logistiques et financiers, voient leur mission se compliquer à mesure que l’insécurité gangrène les camps. Le silence des autorités face à ces incidents ne fait qu’amplifier le sentiment de désespoir des déplacés.
Ces actes s’ajoutent à une série d’événements inquiétants. Fin décembre, deux femmes ont été tuées par un homme armé dans un autre camp de déplacés. Ces meurtres, cumulés à l’incident récent, posent une question cruciale : que fait réellement le gouvernement pour garantir la sécurité des déplacés ?
La situation à Goma souligne une réalité perturbante : la population, déjà accablée par les conflits armés, continue de souffrir des dérives des institutions censées la protéger. Tant que des mesures concrètes ne seront pas mises en place pour sécuriser ces camps, les déplacés resteront à la merci d’une violence qui ne cesse d’escalader, un défi humanitaire et sécuritaire majeur pour la République démocratique du Congo.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
