Le président kényan, William Ruto, a récemment pris les rênes de la présidence tournante de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), succédant au président sud-soudanais Salva Kiir. Cette transition marque un tournant crucial pour l’organisation régionale, confrontée à des défis majeurs, notamment en matière de sécurité dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et de stabilité financière.
Durant son mandat, Salva Kiir s’était efforcé de promouvoir des dialogues diplomatiques pour apaiser les tensions dans l’est de la RDC, une région déchirée par des conflits persistants. Cependant, ces efforts, bien qu’orientés vers la résolution de la crise, ont produit des résultats mitigés. La Force régionale de l’EAC (EACRF), déployée en novembre 2022 pour stabiliser la RDC, a vu sa mission expirer en décembre 2023 sans grand succès. Cet échec a laissé la RDC frustrée, la poussant à examiner des alternatives, notamment une intervention plus robuste de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
William Ruto, maintenant à la tête de l’EAC, doit aborder ces dossiers complexes avec prudence. Bien que le Kenya ait participé activement à l’EACRF, ses relations avec Kinshasa ont connu des tensions. En juillet 2024, le président de la RDC, Félix Tshisekedi, avait vivement critiqué Ruto, l’accusant de prendre parti pour le Rwanda dans les discussions de paix de Nairobi. Cette accusation met en évidence un climat de méfiance qui pourrait affecter les futures collaborations entre les membres de l’EAC.
Au-delà des questions sécuritaires, le président kényan est également confronté aux défis financiers de l’organisation. En juin 2024, des arriérés de contributions s’élevant à plus de 34 millions de dollars pesaient sur la RDC, le Burundi et le Soudan du Sud, compromettant la capacité de l’EAC à remplir ses objectifs. « Les États membres doivent honorer leurs engagements financiers pour garantir l’efficacité de nos missions régionales », a déclaré un porte-parole de l’EAC en juillet dernier.
Ruto s’est engagé à revitaliser l’EAC, à rétablir la confiance entre les membres et à naviguer entre des intérêts souvent divergents. Alors que la RDC se tourne davantage vers la SADC, la présidence kényane devra répondre aux attentes en matière de leadership impartial et trouver un terrain d’entente sur des questions épineuses comme la sécurité régionale et l’intégration économique.
L’Afrique de l’Est, en dépit de ses défis, reste une région stratégique pour la stabilité du continent. Sous la présidence de William Ruto, le rôle de l’EAC sera sous le feu des projecteurs. Pourra-t-elle surmonter ses luttes internes et établir un projet d’intégration solide dans une région où les complexités politiques et économiques abondent ? Seul le temps le dira.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd