Le territoire de Kasangulu, situé dans la province du Kongo Central, vient d’adopter une mesure d’importance sociale et sécuritaire. Désormais, le port des dépouilles mortelles sur les épaules, depuis la morgue jusqu’au cimetière, est formellement interdit. Cette décision, prise le jeudi 28 novembre au cours d’une réunion du conseil local de sécurité élargie aux membres de la société civile, au secteur de la santé et aux confessions religieuses, marque un tournant dans les pratiques funéraires locales.

L’administrateur du territoire, Paulin Mibanga, a fermement justifié cette interdiction. Il a rapporté que le transport des cercueils à pied, assuré par des jeunes portant les dépouilles sur leurs épaules, donne lieu à des comportements inappropriés et indécents. Ces comportements suscitent des désordres publics, allant jusqu’à provoquer des embouteillages sur la route nationale numéro 1, une voie essentielle à Kasangulu. Cette pratique, bien qu’enracinée dans certaines traditions et sociales, s’est souvent révélée problématique pour la gestion de l’espace public et le maintien de l’ordre.

Pour pallier à cette interdiction, les familles sont désormais tenues de recourir à un corbillard pour mener les dépouilles mortelles au cimetière. Si cette mesure vise à améliorer l’ordre public et à limiter les incidents sur une artère aussi stratégique que la RN1, elle demande aux habitants d’adopter de nouvelles habitudes funéraires. Paulin Mibanga a précisé que la police a pour consigne stricte de faire respecter cette nouvelle réglementation. Toute personne contrevenant à cette décision risquera des sanctions immédiates, notamment une arrestation.

Cette nouvelle règle soulève inévitablement des questions. Quelles seront les répercussions économiques pour les familles modestes qui ne peuvent s’offrir les frais de location d’un corbillard ? Dans un contexte où les ressources financières sont limitées, particulièrement dans les zones rurales, ce passage vers un mode plus institutionnalisé des rites funéraires pourrait créer des difficultés pour de nombreux habitants de Kasangulu. Par ailleurs, cette décision pourrait inspirer d’autres localités de la République Démocratique du Congo à emboîter le pas dans une volonté de modernisation similaire. Quelles implications cela aurait-il pour les rituels traditionnels congolais profondément enracinés dans la culture locale ?

Alors que Kasangulu entame cette transition, la décision souligne une tendance de plus en plus visible en République Démocratique du Congo : le renforcement des règles pour conjuguer tradition et modernité. Les défis liés au désordre public sont nombreux, mais en favorisant l’usage de modes de transport plus adaptés, cette mesure pourrait contribuer à une meilleure gestion de l’espace public, ouvrant ainsi la voie à des pratiques plus organisées à l’échelle de la province et du pays.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net