Jeudi 11 mai, près de 1000 personnes, majoritairement des pêcheurs, des vendeuses de poissons du lac et autres consommateurs, sont descendues dans les rues à Uvira (Sud-Kivu), drapeaux à la main. Les manifestants sont allés du rond-point Kavimvira jusqu’à la mairie, protestant contre la décision du gouvernement de fermer la pêche du Lac Tanganyika pendant 3 mois à partir du 15 mai – sans aucune mesure d’accompagnement pour soutenir les pêcheurs durant cette période de privation. Des épaves des canots et pirogues, des filets et des bois morts ont été placés sur la route, et des pneus brûlés étaient visibles au quartier Kasenga.
Le secrétaire de la plage, Gloire Muramvya a souligné que, si une décision de fermeture de la pêche sur le lac devait être prise, le gouvernement et ses partenaires devraient creuser davantage et prendre en considération la prise en charge de la population vivant de l’activité de pêche. «On veut nous imposer la fermeture sans nous accompagner et sans qu’on prenne en charge les filets qui répondent aux normes de la charte», a-t-il déclaré.
Des représentants de l’autorité urbaine de Uvira ont rencontré les manifestants après le rassemblement devant la mairie et ont reconnu que leur revendication était légitime. «Nous venons de recevoir leur mémo, et nous allons le transmettre pour que le gouvernement et ses partenaires puissent évaluer clairement et précisément les doléances de la population touchée par la mesure de fermeture de la pêche», a poursuivi Gloire Muramvya.
Les activités ont lentement repris en début d’après-midi, malgré le déploiement policier dans des zones sensibles de la ville pour prévenir toute perturbation.
L’Union européenne finance 100 % le projet LATAFIMA (Lac Tanganyika Fisheries Management Project) mis en œuvre par la FAO et l’Autorité du Lac Tanganyika, qui a pour but de promouvoir des pêches durables et une croissance économique équitable. Selon Muzumani Risasi, superviseur national de la zone Centre-Nord, la fermeture de la pêche permettra au lac Tanganyika de se reposer, et aux poissons de se reproduire. « Je tiens à signaler ici que la production halieutique est devenue insignifiante et très faible. Les pêcheurs qui paient leurs licences s’endettent en carburant parce qu’ils ne gagnent plus rien. Avant, ils gagnaient des caisses, remplissaient les sacs. Aujourd’hui, ils rentrent avec des bocaux qui ne remboursent même pas la facture de carburant, c’est déplorable. Voilà la réalité, qu’on ne se voile pas la face ! », a-t-il déclaré.