L’année 2023 s’annonce comme une période critique pour la République démocratique du Congo (RDC), avec des défis majeurs tels que la pression du processus électoral, l’augmentation des dépenses sécuritaires pour lutter contre le M23, le paiement des arriérés de salaires des fonctionnaires et la gestion des conséquences de la crise ukrainienne sur les prix. Ces facteurs ont contribué à une inflation déjà élevée, qui atteignait 13 % à la fin de 2022, rendant l’accès aux produits de base, à l’éducation et aux transports de plus en plus difficile pour les Congolais. Les deux tiers de la population vivent déjà sous le seuil de pauvreté officiel.
Le franc congolais est en chute libre, avec un marché des changes inondé de francs cherchant à être convertis en dollars américains. Cela alimente mécaniquement la dépréciation de la devise nationale, d’autant plus que les banques ont du mal à répondre à la demande de liquidités. Récemment, un dollar s’échangeait contre deux mille francs congolais. Selon la banque centrale, ce taux a atteint 2 320 francs pour un dollar, soit une hausse d’environ 15 %. Cette tendance pourrait se poursuivre, consolidant le statut du dollar américain en tant que valeur refuge.
Le dollar est souvent considéré comme un moyen de sécuriser les économies modestes en Afrique et en Amérique du Sud. Le Fonds monétaire international (FMI) estime que les trois quarts des dollars émis entre 1989 et 1996 étaient détenus en dehors des États-Unis. La RDC est réputée pour être l’une des économies les plus dollarisées au monde, en partie à cause de l’héritage du Zaïre de Mobutu Sese Seko et de ses épisodes d’inflation à 500 % par an.
Le gouvernement congolais promet d’agir pour stabiliser la monnaie nationale. Cependant, il reste à évaluer l’efficacité des outils politiques à sa disposition et la capacité du régime en place à se concentrer sur ce problème parmi d’autres défis majeurs auxquels le pays est confronté en 2023.