L’Italie, à la faveur d’une réunion au sommet à Rome, révèle ce lundi son ambition de reconfigurer le partenariat avec le continent africain. Sous la houlette de la Première ministre Giorgia Meloni, le pays entend s’établir en tant que carrefour énergétique central et freiner l’immigration grâce à son « Plan Mattei ».

Ce plan, hautement médiatisé, s’inspire d’Enrico Mattei, figure fondatrice de la compagnie énergétique d’État italienne Eni. Il promet une nouvelle relation avec les nations africaines, basée sur des principes non prédateurs et non paternalistes pour un développement mutuel.

Avec pour dessein de faire de l’Italie le pont entre l’Afrique et l’Europe, ce plan propose de canaliser l’énergie vers le nord en échange d’investissements dans le sud, en arrière-plan d’accords visant à endiguer les flux migratoires.

Plusieurs dignitaires de plus de 25 pays ont fait le déplacement à ce sommet, organisé au Sénat italien et intitulé « Un pont pour une croissance commune ». Parmi les participants, on compte le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat, le Président tunisien Kais Saied, le Président sénégalais Macky Sall, ainsi que les présidents de la République du Congo, de l’Érythrée, du Ghana, du Kenya, de la Mauritanie, du Mozambique et du Zimbabwe.

D’autres pays, dont l’Algérie, le Tchad, l’Égypte et la République démocratique du Congo (RDC), sont représentés par leurs ministres.

Ce sommet se déroule alors que Rome préside le G7 et place le développement africain au cœur de ses priorités, cherchant à renforcer son influence sur un continent où des puissances telles que la Chine, la Russie, l’Inde, le Japon et la Turquie étendent leur empreinte politique.

Le « Plan Mattei » de Meloni consisterait initialement en plusieurs projets pilotes avec l’objectif de les étendre ultérieurement sur l’ensemble du continent. Les investissements se concentreraient essentiellement dans les secteurs de l’énergie, de l’infrastructure, de l’agriculture, de l’eau, de la santé et de l’éducation.

Cependant, certains experts expriment leurs doutes quant à la capacité de l’Italie à obtenir le soutien crucial de l’Union européenne pour ce nouveau pacte, celui-ci ayant déjà dévoilé son propre paquet pour l’Afrique d’une valeur de 150 milliards d’euros en 2022.

Soucieuse de transformer l’Italie en un hub énergétique majeur, surtout depuis que les pays européens cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe suite à l’invasion de l’Ukraine par Moscou en février 2022, le gouvernement de Meloni prévoit de troquer des investissements énergétiques contre des mesures visant à freiner l’immigration.

Néanmoins, le « Plan Mattei » semble s’attarder excessivement sur les combustibles fossiles, ce qui suscite des critiques appelant à une offensive en faveur des énergies renouvelables, en particulier pour répondre aux besoins des plus de 40 pour cent d’Africains n’ayant aucun accès à l’énergie.

En dépit des promesses de Meloni et de son allié Matteo Salvini d’arrêter les arrivées de migrants en provenance d’Afrique du Nord, les chiffres illustrent une augmentation des débarquements en Italie, passant d’environ 105 000 en 2022 à presque 158 000 en 2023.

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