Des combats d’une intensité rare ont secoué ce mardi 29 avril les territoires de Walungu, Kabare et Kalehe au Sud-Kivu. Des détonations d’armes lourdes ont retenti dès l’aube dans la chefferie de Kaziba, théâtre d’affrontements entre les rebelles de l’AFC/M23 et les forces régulières congolaises appuyées par les milices Wazalendo. Cette escalade violente plonge la région dans une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent.
Selon des témoignages recueillis sur place, les assaillants venus de Nyangezi auraient lancé une offensive coordonnée sur plusieurs fronts. Les positions des FARDC à Kasheke et Kabamba auraient été particulièrement visées par des tirs d’armes automatiques. À Kalehe, le village de Bushaku subit depuis plusieurs heures des échanges de tirs nourris, selon des sources militaires concordantes.
L’impact sur les populations civiles atteint des proportions alarmantes. « Les champs sont abandonnés, les marchés déserts. Même les écoles ont fermé leurs portes », rapporte un habitant de Kaziba contacté par téléphone. Les activités agricoles, pilier de l’économie locale, sont paralysées alors que la saison des récoltes approche.
La situation humanitaire se détériore à mesure que les combats gagnent en intensité. Des bombardements indiscriminés auraient touché des zones résidentielles à Luhwinja, non loin de la mine d’or de Twangiza Mining. Les premiers rapports font état de dégâts matériels considérables, bien qu’aucun bilan humain précis ne puisse encore être établi.
Cette nouvelle flambée de violence intervient dans un contexte de renforcement militaire des groupes armés. Des sources sécuritaires évoquent des mouvements suspects de ravitaillement en armes et munitions vers les positions rebelles. L’AFC/M23 profiterait-elle de tensions politiques récentes pour étendre son emprise sur le Sud-Kivu ?
Pendant ce temps, l’exode des populations s’accélère. Des centaines de familles cherchent refuge dans la brousse ou tentent de gagner Goma, déjà surpeuplée. Les organisations humanitaires présentes dans la région tirent la sonnette d’alarme : « Sans accès immédiat aux zones touchées, nous risquons une catastrophe sanitaire majeure », avertit un responsable d’ONG sous couvert d’anonymat.
Les autorités provinciales restent muettes sur les opérations en cours. À Kinshasa, le gouvernement central promet une « réponse stratégique adaptée » sans fournir de détails concrets. Les observateurs s’interrogent : les récentes mutations au sein de l’état-major des FARDC présagent-elles d’un changement de cap dans la gestion de ce conflit armé prolongé ?
Alors que les rebelles progressent vers Minembwe et les Hauts Plateaux de Fizi, la communauté internationale semble en retrait. Cette recrudescence des violences dans l’Est de la RDC met-elle en péril les récents efforts de stabilisation régionaux ? La question reste en suspens, dans l’attente d’une réaction coordonnée des acteurs clés du dossier.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net