Une campagne de recrutement à grande échelle secoue le Nord-Kivu. Le mouvement rebelle M23 mobilise activement des jeunes dans Goma et ses environs pour constituer ce qu’il nomme l’Armée Révolutionnaire Congolaise (ARC). Des comités de recrutement opèrent en plein jour, sillonnant les quartiers populaires et les zones rurales sous contrôle rebelle.
Cette stratégie intervient paradoxalement après les accords de Washington et de Doha, censés initier un processus de désescalade. Les opérations s’intensifient particulièrement dans la commune de Karisimbi où des séances de “dialogue direct” sont organisées. Lors d’une réunion au quartier Murara le 26 avril, un échange révélateur a opposé un jeune inquiet à un cadre du M23 : “Que deviendrons-nous si vous quittez Goma ?” La réponse, catégorique, affirme la volonté de maintien sur les positions conquises.
Le modus operandi suit un protocole bien établi. Les mobilisateurs débutent par des sessions de formation idéologique vantant la “philosophie révolutionnaire” du mouvement. Les recrues suivent ensuite un entraînement militaire accéléré avant d’être déployées sur le front. Des témoignages concordants évoquent des techniques de persuasion combinant promesses socio-économiques et pression communautaire.
L’expansion territoriale du phénomène inquiète les observateurs. Outre Goma, les territoires de Nyiragongo et Rutshuru sont touchés, notamment dans la chefferie Bukumu et le groupement Bukoma. La cité de Kitshanga, verrou stratégique sur l’axe Masisi-Rutshuru, sert de plaque tournante à ces activités.
Quelles conséquences pour la stabilité régionale ? Cette militarisation accrue des jeunes contredit ouvertement les engagements internationaux. Les analystes s’interrogent sur l’origine des financements et le stock d’armes permettant d’équiper ces nouvelles recrues. Certains évoquent un possible redéploiement stratégique en prévision de futures offensives.
Les autorités provinciales restent étrangement silencieuses face à cette situation. Aucun dispositif de contre-propagande ou de protection de la jeunesse n’a été déployé dans les zones concernées. Cette passivité alimente les spéculations sur d’éventuels compromis politiques avec la rébellion.
La communauté internationale monitorant le processus de paix semble prise de court. Les casques bleus de la MONUSCO, pourtant déployés dans la région, n’ont émis aucun commentaire officiel. Cette recrudescence d’activités militaires pourrait remettre en cause le calendrier des prochaines négociations prévues à Nairobi.
En parallèle, les organisations humanitaires signalent une augmentation des déplacements de population autour des zones de recrutement intensif. Certaines familles choisiraient l’exil pour soustraire leurs enfants à l’emprise rebelle. Un phénomène qui complique davantage la situation humanitaire déjà critique au Nord-Kivu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
