Une hémorragie humaine secoue le Nord-Kivu. Des centaines de familles fuient sans répit les localités de Bugamba 1 et 2 dans le territoire de Nyiragongo. La recrudescence des attaques nocturnes par des individus armés précipite cet exode vers Goma, dernière citadelle perçue comme sûre dans cette région de la République Démocratique du Congo en proie à l’instabilité.
Des témoignages glaçants émergent de cette zone sous tension. « Ils frappent après 22h, vident les maisons et tabassent les habitants », rapporte un défenseur des droits humains dont la sœur a dû regagner précipitamment Goma. Les agresseurs opèrent en toute impunité malgré les tirs nourris signalés chaque nuit. Aucune intervention des forces de sécurité n’aurait été constatée selon des sources locales.
La nuit du lundi 15 au mardi 16 janvier a marqué un pic de violence. Deux morts sont à déplorer : un civil à Mukondo 2 et un infirmier dans le quartier Ndosho à Goma. Ce dernier cas illustre l’extension géographique de la terreur, le banditisme de Bugamba contaminant désormais des zones urbaines.
Face à ce chaos, les populations développent des stratégies de survie. Des veillées nocturnes s’organisent autour de feux, ultime rempart contre les intrusions. « On alterne des tours de garde mais ça ne suffit pas », confie un habitant sous couvert d’anonymat.
Cette crise s’inscrit dans un contexte sécuritaire explosif. La province du Nord-Kivu compte près de 600 000 déplacés selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha). Goma, devenue ville-refuge, voit ses capacités d’accueil saturées. Nourriture, abris et médicaux manquent cruellement.
Les autorités locales pointent du doigt des « éléments incontrôlés » de groupes armés. Une analyse contestée par une partie de la population qui dénonce l’inaction des forces régulières. Comment expliquer cette paralysie sécuritaire ? Les questions s’accumulent alors que le territoire de Nyiragongo bascule dans une violence quotidienne.
Les organisations humanitaires tirent la sonnette d’alarme. L’afflux massif vers Goma crée des foyers de tension supplémentaires. « Nous devons répondre à une crise dans la crise », alerte un travailleur humanitaire sous couvert d’anonymat. Les besoins dépassent largement les ressources disponibles sur place.
Cette spirale infernale interroge la capacité des acteurs étatiques et internationaux à protéger les civils. Alors que les attaques se systématisent, aucune solution durable ne semble émerger. La population du Nord-Kivu, prise en étau entre violence armée et carence institutionnelle, paie le prix fort d’un conflit qui s’enlise.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net