La région minière de Mungwalu, dans le territoire de Djugu (Ituri), est plongée dans l’effroi après une série d’attaques attribuées aux milices CODECO et Zaïre. Trois civils ont péri en 72 heures dans des circonstances atroces, selon des sources sécuritaires et coutumières concordantes.
Le dernier épisode sanglant remonte à ce mardi matin près d’Itendey. Deux agriculteurs ont été abattus dans leurs champs à Aludja par des hommes armés identifiés comme des éléments CODECO. Leur crime ? Avoir poursuivi leurs activités agricoles malgré les menaces récurrentes.
À Djaiba, la terreur prend un visage plus méthodique. Un jeune homme d’une vingtaine d’années a succombé dimanche soir après un supplice implacable. Les miliciens Zaïre l’auraient flagellé à mort pour un impôt illicite non acquitté. « Cette pratique de racket systématique étrangle nos populations », dénonce une source coutumière sous couvert d’anonymat.
La scierie Abelkoze a également été le théâtre de violences ciblées. Lundi, deux ouvriers ont été blessés par balle lors d’une attaque éclair attribuée à la CODECO. Leur état critique nécessite une évacuation urgente vers les structures sanitaires de Bunia, selon nos informations.
La route nationale 27 n’échappe pas à cette folie meurtrière. Dimanche, un véhicule de transport a essuyé des tirs nourris à Masikini. Si aucun décès n’est à déplorer, l’incident illustre l’emprise croissante de ces groupes armés sur les axes vitaux de la province.
Ces événements surviennent dans une zone stratégique pour l’économie de l’Ituri. Mungwalu, réputée pour ses gisements aurifères, voit sa stabilité compromise par des cycles de violence récurrents. Les populations civiles paient le prix fort de cette lutte d’influence entre milices.
Les autorités provinciales restent muettes face à cette recrudescence des attaques. Aucun déploiement militaire supplémentaire n’a été signalé dans le secteur, selon nos observations. Pendant ce temps, les déplacés se multiplient dans les centres urbains avoisinants.
Cette escalade intervient deux ans après le lancement de l’opération « Ukombozi » censée neutraliser les groupes armés dans l’est de la République Démocratique du Congo. Le bilan mitigé de cette initiative interroge sur l’efficacité réelle des stratégies de sécurisation.
En attendant, les habitants de Djugu vivent au rythme des exactions. Chaque jour apporte son lot de drames : contributions forcées, enlèvements, travaux forcés. La communauté internationale, pourtant présente via la MONUSCO, semble impuissante à inverser la tendance.
Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant que des mesures concrètes ne soient prises ? La question hante les esprits dans cette partie de l’Ituri où la loi des armes supplante progressivement celle de l’État.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
