La province du Sud-Kivu est une nouvelle fois plongée dans la tourmente. Depuis la soirée du samedi 26 avril, des violents affrontements opposent l’AFC-M23 aux combattants Wazalendo dans la chefferie de Kaziba, territoire de Walungu. Une situation qui rappelle les tensions récurrentes dans cette région stratégique de la République Démocratique du Congo.
Selon des témoins locaux, des tirs nourris ont éclaté vers 17 heures, déclenchant un exode massif des habitants vers les montagnes. Les populations ont passé la nuit en plein air, fuyant les échanges d’artillerie et les risques de représailles. Bien que le calme soit partiellement revenu ce dimanche matin, la menace persiste : l’AFC-M23 chercherait à contrôler Kaziba pour établir un corridor vers les hauts plateaux de Minembwe, où ses alliés Twirwaneho et Gumino sont encerclés.
Mais le théâtre des opérations s’étend au-delà de Walungu. Ce dimanche 27 avril, des renforts militaires suspects ont été signalés dans les territoires voisins de Kabare et Kalehe. Cinq camions remplis d’hommes en uniforme, arborant les insignes du M23, auraient débarqué à Tchofi et Kasheke. Plus troublant encore : certains combattants auraient traversé le lac Kivu depuis le Rwanda à bord de canots rapides, selon des sources locales. Une révélation qui relance les interrogations sur l’implication de Kigali dans cette escalade.
À Irhambi Katana, non loin de Kaziba, les combats ont pris une tournure particulièrement intense samedi. Les Wazalendo, appuyés par les FARDC, auraient repoussé l’AFC-M23 des collines de Kabushwa et Kahungu. Mais les rebelles, après un bref repli vers l’aéroport de Kavumu, sont revenus en force ce dimanche. Une stratégie de harcèlement qui épuise les défenses locales et terrorise les civils.
Quelles conséquences pour les populations ? Les déplacés manquent de tout : abris, nourriture, soins. Les organisations humanitaires peinent à accéder aux zones de conflit. Pendant ce temps, le renforcement des troupes rebelles dans plusieurs foyers laisse craindre une extension du conflit. Kabare et Kalehe, déjà fragilisés par des années de crises, pourraient basculer à leur tour.
Cette nouvelle flambée de violence interroge aussi sur les enjeux sous-jacents. Le contrôle des hauts plateaux de Minembwe, riche en ressources minières, motive-t-il cette offensive ? La connexion entre l’AFC-M23 et ses alliés régionaux signe-t-elle une recomposition des alliances armées dans l’Est congolais ? Autant de questions qui exigent des réponses claires des autorités et de la communauté internationale.
Alors que Kinshasa dénonce régulièrement le soutien rwandais au M23, ces événements risquent d’alimenter les tensions diplomatiques. Les derniers développements à Kaziba s’inscrivent dans un contexte plus large d’instabilité chronique, où groupes armés et intérêts transfrontaliers continuent de compromettre la paix. Une réalité amère pour des populations condamnées à vivre au rythme des kalachnikovs.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net