La cité de Walikale, au cœur du territoire éponyme dans le Nord-Kivu, est confrontée à une crise sécuritaire d’une ampleur inquiétante. Selon un rapport accablant de la société civile locale, des armes à feu circuleraient librement entre des mains civiles et certains éléments militaires « incontrôlés ». Cette situation, qualifiée de « bombe à retardement », expliquerait la recrudescence d’attaques armées, de vols à main armée et d’exactions ciblant les populations.
Dans une note de plaidoyer rendue publique dimanche 27 avril, les représentants de la société civile du territoire de Walikale tirent la sonnette d’alarme. Ils dénoncent une détention illégale d’armes à grande échelle, alimentant un climat de terreur persistante. « Des civils et même des militaires agissant en dehors de toute chaîne de commandement utilisent ces armes pour semer le chaos », affirme Fiston Misona, président de la société civile territoriale, dans un enregistrement audio exclusif.
Les conséquences sont palpables : marchés pillés, déplacements forcés de populations et un sentiment d’abandon généralisé. Les villages environnants ne sont pas épargnés, avec des attaques récurrentes contre des fermes et des postes de contrôle improvisés par des groupes armés non identifiés. Comment une région riche en ressources peut-elle basculer dans une telle anarchie ? La question hante désormais les discussions à Kinshasa comme dans les capitales régionales.
Face à l’urgence, la société civile exige des mesures immédiates. La priorité ? Un mécanisme de ramassage d’armes sous supervision conjointe des autorités provinciales et des organisations locales. « Il faut désarmer d’abord, enquêter ensuite », insiste M. Misona, soulignant l’échec des opérations précédentes. Les témoignages recueillis sur place évoquent des complicités troublantes au sein des forces de défense, alimentant les soupçons de trafics illicites.
Cette crise met en lumière un paradoxe ravageur pour la sécurité en RDC : alors que des efforts importants sont déployés contre les groupes armés dans l’Est, le territoire de Walikale semble glisser vers une violence décentralisée et imprévisible. Les analyses politiques pointent du doigt le vide sécuritaire créé par le redéploiement récent des troupes régulières vers d’autres foyers de tension.
Les implications économiques sont tout aussi alarmantes. Des commerçants de Goma et Lubumbashi rapportent une chute drastique des échanges avec Walikale, pourtant zone clé pour l’approvisionnement en produits agricoles. « Nos chauffeurs refusent maintenant de prendre cette route », confie un grossiste sous couvert d’anonymat.
Reste une énigme : comment des armes lourdes parviennent-elles à circuler aussi librement dans une région sous surveillance théorique des FARDC ? Les enquêteurs locaux évoquent des stocks non répertoriés issus de conflits passés, mais aussi des livraisons récentes via des réseaux transfrontaliers. La porosité des frontières avec les pays voisins complique davantage le tableau.
En attendant, la population vit au rythme des couvre-feux improvisés et des rumeurs d’attaques imminentes. Les centres de santé rapportent une augmentation des cas de troubles psychologiques liés au stress post-traumatique. « Nos enfants sursautent au moindre bruit », témoigne une enseignante de la cité de Walikale.
L’appel lancé aux autorités nationales contient une mise en garde implicite : sans action rapide, Walikale pourrait devenir le nouvel épicentre de l’instabilité dans le Nord-Kivu. Les prochains jours diront si cet avertissement sera entendu à Kinshasa, où les questions de sécurité restent au cœur de l’actualité politique.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
