Une accalmie inédite s’est installée dans le territoire de Djugu, en Ituri, depuis le déploiement controversé de l’armée ougandaise (UPDF). Des sources locales, dont la société civile territoriale, confirment une reprise progressive des activités dans la région de Fataki, épicentre des violences passées. Comment une intervention étrangère a-t-elle réussi là où l’état de siège congolais a échoué pendant quatre ans ?
Les marchés ont rouvert leurs étals, les églises accueillent à nouveau des fidèles, et l’hôpital général de Fataki dispense des soins. « Les prêtres et les religieuses sont revenus. Les civiles osent circuler sans craindre les machettes de la CODECO », affirme Jules Tsuba, président de la société civile de Djugu. Un constat qui contraste avec les images de désolation encore récentes.
Pourtant, l’ombre de la crise persiste. Les écoles restent fermées depuis deux mois et demi. Des salles de classe vides rappellent les attaques meurtrières qui ont dispersé élèves et enseignants. « Certains enfants ont été tués. Les survivants traumаtisés errent dans les villages », déplore un habitant sous couvert d’anonymat.
Le député provincial Joseph Ayile interpelle Kinshasa : « Pourquoi maintenir l’état de siège si une force étrangère obtient en un mois ce que nous n’avons pas atteint en quatre ans ? » Lors d’un point de presse à Aru, il a exigé la levée de cette mesure exceptionnelle, jugée inefficace. Une position qui relance le débat sur la souveraineté nationale et la coopération sécuritaire régionale.
Derrière cette accalmie fragile, des questions brûlantes émergent. L’UPDF agit-elle en coordination avec les FARDC ? Quid du mandat et de la durée de cette présence militaire étrangère ? Les autorités congolaises gardent le silence, alimentant spéculations et inquiétudes.
Si les fusils se taisent aujourd’hui, les défis restent immenses. La relance économique nécessitera des investissements dans les infrastructures et la santé publique. Les traumatismes des survivants appellent un soutien psychosocial urgent. En Ituri comme ailleurs en RDC, la paix durable exige plus que des soldats : elle réclame justice, développement et réconciliation.
Cette situation souligne aussi un paradoxe : parfois, les solutions émergent là où on ne les attendait pas. Mais à quel prix pour la fierté nationale ? L’avenir dira si cette intervention ougandaise marque un tournant décisif ou une simple trêve précaire dans l’interminable crise sécuritaire congolaise.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
