Une mesure d’urgence vient de frapper la ville de Matadi. À partir de ce vendredi 25 avril, toute circulation de motos est interdite entre 23 heures et 4 h 30. Cette décision, annoncée par le maire Dominique Nkodia Mbete lors d’une interview exclusive à Radio Okapi, vise à « freiner l’élan des bandits » qui sévissent la nuit. Comment les autorités comptent-elles rassurer une population confrontée à la recrudescence des vols à main armée ?
La mesure a été actée lors d’une réunion du comité local de sécurité urbaine, regroupant autorités administratives et responsables des forces de l’ordre. Selon le maire, les motos sont devenues le moyen de prédilection des criminels pour commettre des attaques. « Nous pouvons être sûrs que les bandits auront du mal à opérer librement », a-t-il martelé, soulignant l’impact attendu de cette restriction.
Les actualités RDC rapportent régulièrement des cas d’agressions nocturnes liées à des individus circulant à moto. À Matadi, comme dans d’autres villes congolaises telles que Kinshasa ou Lubumbashi, ce phénomène alimente un climat d’insécurité persistante. La décision du maire s’inscrit dans une série de mesures sécuritaires récentes, mais son application stricte reste un défi. Les services de sécurité ont été sommés de faire respecter l’interdiction, sous peine de « conséquences graves ».
Mais cette mesure suffira-t-elle à juguler l’insécurité nocturne ? Si certains habitants saluent une initiative courageuse, d’autres s’interrogent sur les contournements possibles. Les motos, principal moyen de transport pour de nombreux citoyens, sont aussi vitales pour l’économie RDC, notamment dans le secteur informel. Le couvre-feu imposé aux deux-roues risque de paralyser une partie des activités nocturnes, alimentant les tensions sociales.
Le maire a cependant balayé ces craintes. « La sécurité prime sur toute autre considération », a-t-il déclaré, rappelant que les faits divers RDC liés aux motos criminelles ont atteint un seuil critique. Des témoignages recueillis sur place confirment que plusieurs attaques récentes ont effectivement impliqué des assaillants à moto, fuyant rapidement après leurs méfaits.
Reste à savoir comment les forces de l’ordre identifieront les contrevenants. Aucun détail n’a été fourni sur les modalités de contrôle ou les sanctions prévues. Dans un contexte où les enquêtes RDC peinent souvent à aboutir, la crédibilité de cette mesure dépendra de son exécution sur le terrain. Les observateurs appellent à une collaboration renforcée entre police, armée et population.
Cette annonce intervient alors que les actualités politiques RDC sont marquées par des débats sur la décentralisation des pouvoirs sécuritaires. Le maire de Matadi montre ici l’autonomie décisionnelle des autorités locales face aux défis spécifiques de leur région. Une approche qui pourrait inspirer d’autres villes confrontées à des problèmes similaires.
En attendant, les habitants de Matadi retiennent leur souffle. Si l’interdiction porte ses fruits, elle pourrait être étendue à d’autres plages horaires ou zones géographiques. Dans le cas contraire, ce coup d’éclat risquerait de rejoindre la longue liste des mesures inapplicables face à une criminalité en mutation constante. La balle est désormais dans le camp des forces de l’ordre – et dans celui des bandits.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net