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RDC-Rwanda : Une « déclaration de principes » sous l’égide des États-Unis peut-elle enfin apaiser l’Est congolais ?

Dans un contexte de tensions persistantes à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), Kinshasa et Kigali ont signé, ce vendredi 25 avril, une « déclaration de principes » visant à jeter les bases d’un accord de paix et de coopération économique. Paraphé sous l’égide des États-Unis, ce texte engage les deux pays à respecter leur souveraineté mutuelle, à sécuriser les chaînes d’approvisionnement en minerais stratégiques et à faciliter le retour des populations déplacées. Mais dans une région minée par trois décennies de conflits, cet engagement suffira-t-il à apaiser les craintes ?

La cérémonie de signature, organisée à Washington en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio, marque une étape symbolique dans les relations tumultueuses entre la RDC et le Rwanda. Le document insiste sur l’intégration économique régionale, notamment via une collaboration autour des minerais critiques (cobalt, coltan, lithium), essentiels pour les industries technologiques et énergétiques mondiales. Une perspective qui résonne avec les négociations en cours entre Kinshasa et Washington pour un partenariat privilégié sur ces ressources.

Un optimisme prudent face aux défis sécuritaires

Si Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre congolaise des Affaires étrangères, a salué un « engagement politique » concret, les défis restent immenses. L’Est de la RDC, riche en ressources naturelles mais contrôlé en partie par le groupe rebelle M23 – soutenu selon l’ONU par Kigali –, compte encore plus de 6,9 millions de déplacés internes. « À Goma, Bukavu et ailleurs, l’insécurité est une réalité quotidienne », a-t-elle rappelé, soulignant l’urgence humanitaire.

Du côté américain, Marco Rubio a mis en avant les retombées économiques potentielles d’une stabilisation : « Une paix durable permettrait des investissements massifs et le retour des déplacés dans des communautés sécurisées. » Une vision partagée par Olivier Nduhungireye, son homologue rwandais, qui évoque un « nouvel élan » pour les processus de paix régionaux, notamment ceux pilotés par la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et le Qatar.

Minerais stratégiques et enjeux géopolitiques

Derrière les déclarations diplomatiques se profile un enjeu crucial : le contrôle des ressources minières. La RDC, qui détient près de 70 % du cobalt mondial, négocie actuellement un accord avec les États-Unis pour sécuriser l’accès à ces minerais. En échange d’une assistance militaire contre les groupes armés, Washington espère contrer l’influence croissante de la Chine dans ce secteur clé.

Or, cette dynamique intervient dans un paysage sécuritaire volatile. Malgré le déploiement de la mission régionale de l’EAC en 2022 et la présence de forces onusiennes, le M23 continue d’étendre son emprise. La semaine dernière encore, des combats ont éclaté près de Sake, menaçant directement Goma, capitale du Nord-Kivu. Comment croire, dans ces conditions, à l’efficacité d’une simple « déclaration de principes » ?

Les ombres au tableau

Plusieurs observateurs pointent des lacunes dans le texte. Aucun mécanisme contraignant n’est prévu pour garantir le retrait des troupes rwandaises présentes en RDC, pourtant exigé par la résolution 2773 de l’ONU. Par ailleurs, la question épineuse du partage des revenus miniers – source récurrente de tensions – reste en suspens.

Sur le terrain, les réactions sont mitigées. À Kinshasa, des voix de la société civile saluent une « avancée diplomatique », mais réclament des actes concrets. « Nous avons signé tant d’accords depuis les protocoles de Nairobi en 2013… Sans résultats », soupire un militant de Bukavu, sous couvert d’anonymat. Dans les camps de déplacés de Goma, l’espoir se mêle à la méfiance : « On nous promet la paix depuis des années, mais nous survivons ici sans électricité ni soins », témoigne Marie, 34 ans.

Vers un changement de paradigme ?

Reste que cet accord pourrait marquer un tournant dans la géopolitique des Grands Lacs. En impliquant directement les États-Unis – jusqu’ici en retrait –, il relance la compétition entre puissances étrangères pour l’accès aux ressources congolaises. Un jeu d’influence où la RDC tente de maximiser ses atouts, entre partenariat avec l’Occident et relations commerciales avec Pékin.

Si les prochains mois verront se concrétiser – ou non – les promesses économiques, la priorité immédiate reste sécuritaire. Comme le résume un expert des Nations unies : « Sans désarmement réel du M23 et traçabilité des minerais, cette déclaration restera lettre morte. » Un avertissement qui rappelle que dans l’Est congolais, les mots doivent encore devenir actes.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net

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