Les tensions dans le Nord-Kivu prennent un tour critique ce week-end. Les combattants Wazalendo de l’APCLS ont repris vendredi 25 avril le contrôle stratégique de Kasopo, Lushali et Burubi, trois localités du territoire de Masisi. Ces avancées, obtenues après des heures d’affrontements contre l’AFC/M23, redessinent la carte des zones d’influence dans le secteur Osso Banyungu.
Selon des témoins contactés par Congo Quotidien, les miliciens du M23 se seraient repliés vers Kashebere, à 15 km de Kibati, laissant derrière eux des positions clés. Une retraite qualifiée de « tactique » par certains observateurs, alors que Kinyumba reste sous leur emprise à moins de 5 km de Nyabiondo. La région vit désormais au rythme des déplacements de troupes et des contre-attaques surprises.
Les conséquences humanitaires s’aggravent heure après heure. Des centaines de familles ont trouvé refuge dans des bâtiments publics transformés en abris de fortune. L’hôpital de Nyabiondo, la base de MSF et plusieurs écoles accueillent des civils épuisés par des nuits à la belle étoile. « On dort à même le sol, les enfants pleurent de faim », confie une mère croisée près du marché déserté.
- Le traditionnel marché du samedi délocalisé à l’église 8ᵉ CEPAC
- 70% des commerçants habituels absents selon des sources locales
- Des prix des denrées qui flambent en raison de la rareté des produits
Plus au nord, dans le territoire de Rutshuru, la localité de Bukombo a connu des échanges de tirs nourris dans la nuit de vendredi à samedi. Une escalade paradoxale, alors que Kinshasa et Kigali viennent de parapher un accord sous médiation américaine. La déclaration de Washington, censée apaiser les tensions, semble déjà mise à l’épreuve sur le terrain.
Les analystes s’interrogent : cette recrudescence violente sonne-t-elle le glas des espoirs de paix ? Ou s’agit-il de dernières poussées de fièvre avant un cessez-le-feu durable ? Les prochaines 72 heures seront cruciales pour le processus engagé. En attendant, les populations du Masisi retiennent leur souffle, prises en étau entre groupes armés et enjeux géopolitiques.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net