Des affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les combattants Wazalendo ont une nouvelle fois ensanglanté Uvira, dans le Sud-Kivu, vendredi 25 avril. Trois civils, dont une femme, ont été touchés par des tirs croisés dans les quartiers de Kilibula, Kabindula et Nyamuanda. Les blessés ont été évacués vers des structures médicales locales, selon des témoins interrogés sur place.
À l’origine de ces violences : un redéploiement des troupes gouvernementales vers la localité stratégique de Katongo, située en amont d’Uvira dans les Hauts plateaux de Fizi. Ce mouvement militaire, perçu comme une menace par les groupes d’autodéfense Wazalendo, aurait déclenché des tirs nourris entre les deux camps. Les miliciens accusent les FARDC de préparer le terrain pour une avancée des rebelles du M23 vers la ville, devenue chef-lieu provisoire du Sud-Kivu depuis la chute de Bukavu.
Une méfiance réciproque empoisonne cette alliance de circonstance sur le terrain. « Les Wazalendo refusent toute présence militaire près de leurs positions clés », explique une source sécuritaire sous couvert d’anonymat. Les récentes tensions rappellent-elles les fractures persistantes dans la gestion sécuritaire de l’Est de la RDC ?
Pendant ce temps, un second front s’est activé dans la plaine de la Ruzizi. Des éléments du M23 ont tenté de contourner les positions gouvernementales entre Katogota et Rutebe via Rubarika. Objectif affiché : renforcer leurs troupes engagées à Kaziba, dans le territoire voisin de Walungu. Cette manœuvre soulève des questions sur les réelles capacités opérationnelles des FARDC à verrouiller cette zone frontalière cruciale.
Un calme précaire est observé depuis samedi 26 avril, selon plusieurs résidents contactés par téléphone. Mais les stigmates des combats persistent : marchés fermés, écoles désertées, et un trafic routier réduit au strict minimum. « Nous vivons au rythme des accalmies et des reprises des violences », déplore un commerçant du centre-ville, joint via une application sécurisée.
Ce nouvel épisode violent ravive le souvenir traumatique des affrontements de février 2025 qui avaient fait des dizaines de victimes civiles. Les autorités provinciales restent muettes sur d’éventuelles opérations de sécurisation ou des négociations avec les groupes armés. En attendant, la population uvirienne retient son souffle, coincée entre les positions militaires et les lignes de front mouvantes.
La situation à Uvira illustre les défis complexes de la sécurisation dans l’Est de la RDC, où alliances tactiques et rivalités stratégiques créent un équilibre instable. Les récentes développements posent une question cruciale : jusqu’où peut s’étendre la méfiance entre partenaires supposés avant de faire basculer toute une région dans le chaos ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
