La région du Sud-Kivu est une fois de plus plongée dans la tourmente. Ce vendredi 25 avril, des échanges de tirs nourris ont éclaté entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les groupes Wazalendo aux abords d’Uvira. Simultanément, le territoire de Walungu devient le théâtre d’affrontements entre l’armée régulière et les rebelles du M23/AFC, selon plusieurs sources sécuritaires.
À Kaziba, localité de la chefferie éponyme, la situation s’apparente à un jeu de stratégie militaire. Les combattants du M23 tentent depuis plusieurs heures de prendre le contrôle de Mushenyi, position clé tenue par les FARDC. Les rafales d’armes automatiques résonnent dans cette zone rurale, contraignant les habitants à se terrer dans leurs habitations.
« Les activités commerciales sont à l’arrêt complet », témoigne un notable local sous couvert d’anonymat. Les marchés déserts et les routes bloquées dessinent le paysage d’une région en état de siège. Cette paralysie économique intervient dans une zone déjà fragilisée par des mois de tensions récurrentes.
Plus au nord, dans les collines dominant Uvira, une autre crise sécuritaire prend forme. Le lieutenant Marc Elongo, porte-parole du secteur opérationnel Sukola 2 Sud-Sud, confirme à Congo Quotidien le redéploiement controversé d’une unité des FARDC. Ce mouvement stratégique vers les Hauts plateaux de Fizi aurait provoqué la colère des groupes d’autodéfense locaux.
Qui tire réellement les ficelles de cette escalade ? Les Wazalendo accusent ouvertement certains éléments de l’armée de collaborer avec des « forces obscures » dans les Hauts plateaux. Une allégation fermement rejetée par le commandement militaire qui parle de « manœuvre de diversion ».
Le bilan humain reste encore imprécis dans ces deux foyers de tension. Aucun chiffre officiel n’a été communiqué, mais des sources hospitalières évoquent déjà « plusieurs blessés par balle » dans les zones concernées. La population civile, prise en étau entre les belligérants, redoute une détérioration rapide de la situation.
Cette recrudescence violente intervient dans un contexte sécuritaire régional volatile. Le territoire de Walungu, frontalier du Rwanda, constitue un point névralgique dans la géopolitique des Grands Lacs. Les observateurs pointent du doigt les enjeux liés au contrôle des routes commerciales et des ressources minières.
Les dernières nouvelles en provenance de Kinshasa indiquent qu’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité serait en préparation. Dans la capitale, certains députés exigent déjà l’ouverture d’une enquête parlementaire sur ces événements. Reste à savoir si ces initiatives politiques pourront infléchir la dynamique guerrière sur le terrain.
Sur le front humanitaire, les organisations locales s’alarment. « Nous assistons à un nouveau déplacement de populations vers Kalehe et Bukavu », signale un responsable d’ONG sous couvert d’anonymat. Cette crise ajoute une pression supplémentaire sur des infrastructures d’accueil déjà saturées.
Alors que le soleil se couche sur le Sud-Kivu, une question brûle les lèvres : ces affrontements annoncent-ils un nouvel épisode de la guerre oubliée de l’Est congolais ? Les prochaines heures seront cruciales pour éviter l’embrasement généralisé.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net