Les récentes manœuvres du mouvement rebelle M23 dans le territoire de Walikale, au Nord-Kivu, relancent les craintes d’une escalade sécuritaire dans cette région déjà fragilisée par des années de conflits armés. Selon des sources locales, les combattants ont progressivement renforcé leurs positions autour de Luberike, une localité stratégique qu’ils avaient quittée en mars dernier dans le cadre d’un repositionnement annoncé. Cette consolidation s’accompagne d’un déploiement massif d’hommes en armes, selon plusieurs témoignages concordants.
La tension a atteint son paroxysme dans la soirée du 23 avril, lorsque de violents accrochages ont éclaté sur l’axe Kibati-Kibua. Des affrontements entre les Wazalendo – groupes d’autodéfense locaux – et les forces du M23 ont secoué les villages de Mikumbi et Miba, à quelques kilomètres seulement de Kibati. Des armes lourdes auraient été utilisées pendant plusieurs heures, selon la société civile locale, créant un climat de panique parmi les civils.
Quelle stratégie le M23 poursuit-il réellement dans cette zone ? Les analystes militaires évoquent une tentative de contrôle des voies d’approvisionnement vers le chef-lieu du territoire de Walikale. Les rebelles chercheraient notamment à reprendre le contrôle de Kibua, situé à moins de 30 km de ce centre administratif clé. Une avancée qui leur permettrait de menacer directement le dispositif sécuritaire gouvernemental dans la région.
Les conséquences humanitaires se font déjà sentir. Des centaines de familles ont fui les localités de Mikumbi, Miba et Kashebere en direction de zones considérées comme plus sûres. « Nous avons entendu des tirs toute la nuit. Les enfants criaient de peur », rapporte un déplacé rencontré près de Masisi. Les organisations humanitaires redoutent une nouvelle crise de déplacements massifs si les combats persistent.
Malgré une accalmie relative observée ce mercredi matin, la situation reste extrêmement volatile. Des sources sécuritaires sous couvert d’anonymat évoquent des mouvements suspects de troupes rebelles en périphérie de Luberike. Les défenseurs des droits humains s’inquiètent quant à eux des risques de représailles contre les civils soupçonnés de collaborer avec l’un ou l’autre camp.
Cette recrudescence des violences intervient dans un contexte régional tendu. Plusieurs observateurs politiques pointent du doigt les implications géostratégiques de ce nouveau front ouvert dans le Nord-Kivu. Les récentes déclarations des autorités provinciales appelant à « une réponse militaire ferme » laissent présager une intensification des opérations contre le M23 dans les prochains jours.
En attendant, les populations du territoire de Walikale vivent au rythme angoissant des rumeurs de combats et des déplacements précipités. Les appels à l’intervention de la MONUSCO et de la communauté internationale se multiplient, tandis que les besoins en aide d’urgence augmentent de façon exponentielle. L’épisode marque un nouveau chapitre inquiétant dans le cycle de violences qui mine l’est de la RDC depuis près de trois décennies.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net