Le tronçon Losso-Lubutu, dans la province du Maniema, est devenu un symbole de l’insécurité chronique qui mine certaines régions de la RDC. Sur cet axe de 90 kilomètres, le groupe armé « Force Divine Simba » impose un système de rançonnement méthodique, transformant chaque déplacement en calvaire financier. Cinq barrières illégales jalonnent la route, selon des témoignages recueillis sous anonymat par congoquotidien.com.
À chaque checkpoint, les règles sont implacables : 10 000 FC par passager, 5 000 FC par bagage. Même la PCR (Police de circulation routière), normalement garante de l’ordre, participe à ce racket en prélevant 3 500 FC sur les taximen à Losso. « À Oleka, c’est 2 000 FC supplémentaires exigés par les uniformisés », précise un voyageur épuisé.
Le mécanisme d’extraction ne s’arrête pas là. Les combattants exercent un chantage supplémentaire sur les documents d’identité. « Votre carte d’électeur ? 1 500 FC de plus à chaque barrière pour la récupérer », dénonce un habitant. Cette pratique soulève des questions troublantes sur l’utilisation potentielle de ces pièces d’identité confisquées.
Conséquence directe : le coût du transport a quadruplé en quelques mois. Un trajet qui coûtait 25 000 FC atteint désormais 100 000 FC. Les taximen, étranglés par ces prélèvements multiples, répercutent naturellement la charge sur les usagers. « Nous payons plus de 50 000 FC rien qu’aux barrières, sans compter le transport », se lamente un résident local.
Cette situation illustre le défi sécuritaire dans les régions reculées de la RDC. Malgré les promesses répétées de Kinshasa, les groupes armés continuent d’administrer des territoires entiers. Lubutu vit sous la loi des Simba, ces prétendus « wazalendo » (patriotes) devenus prédateurs pour la population.
Les implications économiques sont graves. Ce corridor vital pour l’approvisionnement du Maniema risque de se transformer en zone morte commerciale. Comment développer les actualités économiques RDC quand les routes deviennent des pièges à contribuables ? Les commerçants interrogés évoquent déjà des stocks qui pourrissent dans les véhicules bloqués.
Face à ce désastre humanitaire, les appels au gouvernement se multiplient. « Qu’attend-on pour démanteler ces barrières illégales ? », s’insurge un leader communautaire joint par notre rédaction. La balle est dans le camp des autorités provinciales et de la MONUSCO, dont la présence dissuasive reste invisible sur cet axe.
Cette crise pose une question fondamentale : jusqu’où peut s’enfoncer une région quand l’État abdique ses prérogatives régaliennes ? Alors que les actualités politiques RDC focalisent sur Kinshasa, le drame quotidien de Lubutu rappelle cruellement la fracture entre le centre et les périphéries oubliées.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
