Une rencontre inédite entre des leaders du groupe armé CODECO, un délégué de la communauté LORI et le chef d’état-major général de l’armée ougandaise a eu lieu mardi 22 avril à Entebbe. Objectif affiché : relancer le processus de paix dans le territoire de Djugu, en Ituri, théâtre de violences chroniques. Mais les déclarations contradictoires qui ont suivi jettent une ombre sur cette initiative.
Selon un communiqué des UPDF, les discussions se sont déroulées au General Museveni Building sous la direction du général Muhoozi Kainerugaba. La délégation congolaise comprenait Étienne Dunji, vice-président de la communauté LORI, et Alfred Bahati, présenté comme un commandant CODECO. Les mécanismes de prévention des affrontements entre combattants CODECO et soldats ougandais à Djugu figuraient au cœur des échanges.
Cette annonce intervient après les violents combats de mars dernier dans la région de Fataki. Des sources sécuritaires locales avaient alors fait état de pertes humaines importantes, tant chez les militaires que dans la population civile. L’implication des troupes ougandaises dans ce dossier sensible interroge : quel rôle joue réellement Kampala dans la sécurisation de l’Ituri ?
Mais voilà qu’une déclaration du state-major CODECO/URDPC, publiée le 23 avril, vient semer le doute. Le groupe armé nie toute participation à ces pourparlers, qualifiant les participants de « représentants autoproclamés ». De son côté, Kinshasa garde un silence troublant : les FARDC n’ont pas réagi officiellement à ce dialogue transfrontalier.
Plusieurs questions restent en suspens. Pourquoi l’Ouganda organise-t-il des négociations sur un conflit interne congolais ? La communauté LORI représente-t-elle légitimement les intérêts des populations locales ? Et surtout : cette initiative régionale s’inscrit-elle dans la continuité des efforts de désarmement pilotés par le gouvernement congolais ?
Les observateurs régionaux soulignent l’urgence d’une clarification. « Toute médiation extérieure doit se coordonner avec les autorités légitimes de la RDC », rappelle un expert en sécurité contacté par notre rédaction. La crédibilité du processus de paix en Ituri dépendra de cette transparence.
Alors que les actualités RDC font régulièrement état de nouvelles attaques dans l’est du pays, cette rencontre secrète pourrait-elle marquer un tournant ? Les prochains jours seront décisifs. Les populations de Djugu attendent des actes concrets après des années de cycle infernal violence-reconstruction-violence.
Une chose est sûre : cette initiative ougandaise relance le débat sur le rôle des pays voisins dans la stabilisation de la RDC. Entre intérêts géostratégiques et urgence humanitaire, le chemin vers la paix en Ituri semble plus complexe que jamais.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net