Les tensions dans le Nord-Kivu ont brutalement repris ce mardi 22 avril. Après une trêve de quelques jours, des affrontements violents ont opposé les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) aux rebelles de l’AFC/M23 près de Kibati, dans le territoire de Walikale. Une opération militaire a été lancée aux aurores par les forces gouvernementales pour déloger les insurgés de leurs positions à Mikumbi. Selon des témoins locaux, les rebelles ont été contraints de reculer au-delà de Kibati, dans un mouvement tactique qui redessine les lignes de front.
Les combats, toujours en cours selon nos sources sécuritaires, se rapprocheraient désormais de Kashebere. Cette localité, située à la frontière entre les territoires de Walikale et Masisi, cristallise les inquiétudes des autorités locales. Comment cette escalade pourrait-elle impacter les populations déjà traumatisées par des mois de conflit ? La réponse se dessine dans le groupement Waloa Yungu, où des sources concordantes signalent un renforcement massif des effectifs du M23 à Kasopo. Hommes en armes, munitions et matériel logistique y auraient été acheminés, alimentant un climat de psychose parmi les civils.
Cette recrudescence des violences survient dans un contexte diplomatique pour le moins paradoxal. Alors que Kinshasa et la rébellion négocient depuis plusieurs semaines à Doha sous médiation internationale, les armes parlent plus fort que les discours. Peu d’informations filtrent sur l’état réel des discussions qataries, présentées par les deux camps comme « constructives ». En mars dernier, le M23 avait pourtant effectué un retrait tactique de Walikale, geste qualifié à l’époque de « preuve de bonne foi ». Les rebelles s’étaient alors repliés sur Kibati et ses environs… théâtre exact des actuelles confrontations.
Les analystes politiques s’interrogent : cette nouvelle flambée de violence sonne-t-elle le glas du processus de paix ? Certains observateurs y voient une manœuvre de pression en amont de la prochaine session de négociations. D’autres pointent la fragmentation des groupes armés et la difficulté à imposer un cessez-le-feu durable dans cette région minière stratégique.
Sur le terrain, le bilan humain reste encore imprécis. Aucun chiffre officiel n’a été communiqué concernant d’éventuelles pertes civiles ou militaires. Les organisations humanitaires, déjà en alerte maximale dans cette zone classée rouge, redoutent un nouvel afflux de déplacés. Rappelons que le Nord-Kivu compte déjà plus de 2,8 millions de personnes déracinées par les conflits armés selon le dernier rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Cette actualité chaude relance le débat sur l’efficacité des mécanismes de sécurité régionale. Malgré le déploiement de la force est-africaine (EACRF) et la mission de l’ONU, la stabilisation du Kivu reste un mirage. Les récentes avancées militaires des FARDC suffiront-elles à inverser la dynamique ? La réponse se joue autant dans les collines de Walikale que dans les salles feutrées de Doha.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd