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Bukanga-Lonzo : Le procès fantôme de Matata Ponyo qui défie la justice congolaise

La Cour constitutionnelle de la République Démocratique du Congo a tenu une audience cruciale ce mercredi 23 avril 2025 dans le cadre du retentissant dossier du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo. Une absence remarquée a toutefois marqué les débats : Augustin Matata Ponyo, député national et ancien Premier ministre, ainsi que ses coaccusés Déogratias Mutombo et Grobler Christo Stephanus, n’ont pas comparu malgré les convocations judiciaires. Ce procès, qui cristallise les tensions entre pouvoir judiciaire et immunités parlementaires, soulève des questions brûlantes sur la gestion des fonds publics en RDC.

Le ministère public a immédiatement réagi à cette défection collective. Dans un réquisitoire cinglant, l’accusation a qualifié cette absence de « stratégie dilatoire » et de « mépris caractérisé envers l’institution judiciaire ». Les magistrats ont formellement requis le retrait du défaut contre les trois prévenus, invoquant l’article 148 du code de procédure pénale congolais. « La justice ne saurait être prise en otage par des calculs politiques », a tonné le représentant du parquet, exigeant la poursuite normale des audiences pour éviter un déni de justice.

Au cœur des accusations : un détournement présumé de 285 millions de dollars affectés au projet phare de Bukanga-Lonzo entre 2012 et 2016. Ce parc agro-industriel, présenté à l’époque comme la solution à l’autosuffisance alimentaire, fait aujourd’hui figure de symbole des dérives financières. Les enquêteurs pointent des surfacturations systémiques, des marchés attribués sans appel d’offres et des transferts suspects vers des comptes offshore.

La défense des absents repose sur une argumentation constitutionnelle. Augustin Matata Ponyo s’abrite derrière une décision de l’Assemblée nationale datée du 17 avril 2025, qui estime les poursuites « juridiquement irrecevables » sans levée préalable de son immunité parlementaire. Une position fermement soutenue par Vital Kamerhe, président de l’institution : « Aucune procédure ne peut court-circuiter la souveraineté du peuple représentée par ses élus », a rappelé le numéro 1 du Parlement.

Cette crispation institutionnelle intervient dans un contexte politique électrique. L’ancien Premier ministre, candidat malheureux à la présidentielle de 2023, dénonce une « cabale judiciaire » visant à éclipser son retour sur la scène politique. Son refus de participer aux récentes consultations pour un gouvernement d’union nationale aurait, selon ses soutiens, précipité la relance de cette procédure dormante.

La Cour se trouve désormais à un carrefour juridique délicat. Doit-elle suivre le parquet en prononçant le défaut, au risque d’enflammer les tensions avec le législatif ? Ou bien suspendre les audiences dans l’attente d’un hypothétique vote des députés ? Les constitutionnalistes rappellent que l’article 102 de la Constitution subordonne effectivement les poursuites contre un parlementaire à l’autorisation de l’assemblée concernée. Un imbroglio procédural qui pourrait donner lieu à un recours devant la Cour africaine des droits de l’homme.

Prochaine étape déterminante : la délibération sur la requête du ministère public, attendue sous quinze jours. Dans l’intervalle, la pression monte sur les réseaux sociaux congolais où le hashtag #BukangaGate alimente les débats. Cette affaire, à mi-chemin entre scandale financier et bataille institutionnelle, pourrait marquer un tournant dans l’équilibre des pouvoirs en RDC.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net

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