La ville de Kindu, chef-lieu du Maniema, est plongée dans une spirale de violence inédite. Vols à main armée, viols ciblant femmes enceintes et mineurs, tueries sporadiques : le tableau dressé par des élus provinciaux ce mardi 22 avril révèle une crise sécuritaire aux proportions alarmantes. Des députés ont tiré la sonnette d’alarme après une série de consultations citoyennes, décrivant une population livrée à elle-même face à des bandes criminelles réorganisées.
« Les statistiques des deux dernières semaines dépassent l’entendement », affirme le député Abeli Choma Florent, joint par nos services. Son constat glaçant met en lumière un mécanisme criminel sophistiqué : « Des groupes armés opèrent par rotations nocturnes dans différents quartiers. Leur modus operandi inclut des mutilations symboliques pour semer la psychose. »
L’origine de cette flambée violente fait l’objet de vives controverses. Plusieurs sources parlementaires pointent du doigt les grâces présidentielles accordées à d’anciens détenus. « Certains bénéficiaires ont réintégré des réseaux criminels dans les 72 heures suivant leur libération », dénonce un élu sous couvert d’anonymat. Cette thèse trouve écho parmi des experts en sécurité contactés par notre rédaction.
Face à l’urgence, les autorités locales affichent une stratégie duale. Le maire Augustin Atibu Mulamba annonce le déploiement de « brigades mixtes » associant police et leaders communautaires. « Des patrouilles motorisées quadrilleront les zones sensibles dès ce week-end », promet l’édile. Pourtant, sur le terrain, les habitants restent sceptiques. « Les bandits frappent toujours deux pas derrière les forces de l’ordre », témoigne une commerçante du quartier Mikelenge.
Cette crise interroge la capacité de l’État à protéger les civils dans les provinces centrales. Avec des attaques simultanées signalées à Alunguli et Kasuku, certains observateurs évoquent une possible coordination interrégionale des groupes criminels. Les récentes coupes budgétaires dans le secteur sécuritaire alimentent ces spéculations.
En parallèle, la société civile dénonce un silence médiatique contre-productif. « Chaque heure perdue en déni aggrave le traumatisme collectif », s’indigne le coordonnateur de l’ONG Umoja wa Kindu. Son appel à un plan d’urgence national trouve un écro croissant parmi les parlementaires. Reste à savoir si Kinshasa saisira l’ampleur réelle de cette crise avant qu’elle ne dégénère en conflit ouvert.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net