Rome, 21 avril 2025 – Le monde catholique est sous le choc. Le Pape François s’est éteint ce matin à 88 ans, après une longue lutte contre une pneumonie bilatérale. Une nouvelle confirmée par le cardinal camerlingue Kevin Farrell, clôturant douze années d’un pontificat marqué par des réformes audacieuses et une proximité inédite avec les fidèles. Comment cet Argentin, premier pape non européen depuis plus de 1 200 ans, a-t-il redessiné les contours de l’Église catholique ?
Né Jorge Mario Bergoglio en 1936 à Buenos Aires, François accède au trône de Saint-Pierre en 2013. Son choix de vivre à la résidence Sainte-Marthe plutôt que dans les appartements pontificaux, son usage d’une modeste Fiat 500, et son insistance sur la « joie de l’Évangile » ont symbolisé une ère nouvelle. « Il portait la souffrance des marginaux comme une croix », témoigne un prêtre congolais joint par nos soins, rappelant l’impact de ses visites en Afrique, notamment en RDC en 2023.
Son héritage politique et spirituel reste colossal. L’encyclique Laudato Si’, texte fondateur de l’écologie chrétienne, a influencé jusqu’aux débats sur l’exploitation minière au Katanga. Au Congo, ses appels à la justice sociale résonnent dans les paroisses de Kinshasa et Goma, où des veillées spontanées se multiplient. « Un phare s’est éteint, mais sa lumière guide encore », confie une fidèle rencontrée devant la cathédrale Notre-Dame du Congo.
Sur le plan médical, le décès couronne un combat acharné. Hospitalisé dès février 2025 pour une bronchite, son état s’était aggravé malgré l’intervention du Dr Sergio Alfieri. Un détail frappe : l’infirmier Massimiliano Strappetti aurait insisté pour « tout essayer » lors de l’ultime crise respiratoire. Un choix qui permit au souverain pontife de bénir une dernière fois la foule, le 20 avril, lors d’une apparition émouvante mais fugace.
Les réactions internationales illustrent l’ampleur de son influence. Joe Biden salue « un géant de la compassion », tandis qu’Emmanuel Macron évoque « un dialogueur hors pair ». En RDC, le président Félix Tshisekedi devrait envoyer une délégation officielle aux funérailles, selon des sources proches du Palais de la Nation.
L’heure est désormais aux spéculations sur le conclave. Le cardinal philippin Tagle, proche de la ligne réformatrice, et l’italien Zuppi, artisan de paix en Afrique, émergent comme favoris. Un enjeu crucial pour les 35 millions de catholiques congolais, qui représenteront près de 40% des fidèles africains d’ici 2050 selon les projections du Vatican.
Reste une question brûlante : comment préserver l’élan de François face aux conservateurs ? Ses réformes financières, la lutte contre les abus sexuels – incarnée par la destitution du cardinal McCarrick en 2019 – et l’ouverture aux divorcés remariés divisent toujours la Curie. « L’Église doit-elle devenir un hôpital de campagne ou une forteresse ? », interroge un théologien de Lubumbashi, résumant le dilemme du prochain pape.
Alors que les cloches de Saint-Pierre sonnent le glas, des milliers de Congolais allument des bougies devant les églises. À Mbuji-Mayi, un évêque résume : « Il nous a appris que la miséricorde n’est pas une faiblesse ». Un message qui, à l’heure des drones et de l’intelligence artificielle, garde toute sa force dans les cours de terre battue du Kasaï.
Les funérailles, prévues sous 4 à 6 jours, seront retransmises en direct sur notre site. Pour comprendre comment ce décès affectera les relations Église-État en RDC, notamment sur les dossiers sensibles comme l’éducation ou la gestion des ressources naturelles, suivez nos analyses politiques exclusives.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: linterview.cd
