La présence persistante des rebelles de l’AFC/M23 dans le territoire de Walikale continue de susciter l’inquiétude, malgré leur retrait annoncé de Walikale-Centre le 2 avril dernier. Selon des informations concordantes, des éléments armés sont actuellement signalés à Kashebere et Kibati, alimentant un climat de terreur dans cette région déjà meurtrie. Les bilans consolidés, relayés par des sources locales, font état d’au moins 32 morts et plusieurs disparus, illustrant l’ampleur d’une crise sécuritaire qui gangrène l’axe Walikale-Kashebere.
Sept villages et la commune rurale de Walikale ont été frappés par des violences d’une rare intensité. À Kibua, dans le groupement Ihana, le centre commercial a été le théâtre d’un massacre : 12 personnes, dont deux femmes, ont perdu la vie. La majorité des victimes ont été découvertes décapitées, tandis que d’autres ont été abattues par balles. Parmi les survivants, le médecin chef de zone de santé de Kibua et son homologue de l’hôpital général de référence ont subi des actes de torture, selon des témoignages recueillis sur place.
Plus à l’est, à Kashebere (groupement Luberike), les combattants du M23 maintiennent leur emprise. Une personne y a été tuée par balle et une autre est portée disparue. La situation est tout aussi alarmante à Kibati, où quatre civils – trois hommes et une femme – ont été exécutés. Ces localités restent sous contrôle rebelle, paralysant toute activité économique et sociale.
Les exactions s’étendent au-delà des zones stratégiques. À Kigoma, deux hommes – un taximan-moto et un cultivateur – ont été sommairement exécutés. Dans leur fuite, deux enfants se sont noyés dans la rivière Kitatenge, ajoutant une dimension tragique à ce tableau déjà sombre. À Shabunda (groupement Banabangi), trois jeunes ont été abattus alors qu’ils tentaient de récupérer des effets personnels. Leurs corps, en état de décomposition avancée, ont dû être enterrés à la hâte.
Le village de Mutakato paie également un lourd tribut : quatre habitants ont péri, dont une femme tuée par balle et un père avec son enfant décapités. À Wenga (groupement Utunda), un civil a subi le même sort après être tombé dans une embuscade tendue par les rebelles. La commune rurale de Walikale compte quant à elle quatre victimes supplémentaires, toutes abattues par balles avant d’être inhumées par la Croix-Rouge locale.
Dans l’ombre de ces bilans macabres, des disparitions inquiétantes persistent. Une femme et son enfant malade, partis de Ngora (groupement Utunda) pour rejoindre l’hôpital, n’ont jamais été retrouvés. Leurs proches, confrontés au silence des autorités, oscillent entre désespoir et colère face à cette impunité qui persiste.
Comment expliquer cette résurgence violente malgré le cessez-le-feu fragile ? Les analystes pointent du doigt le vide sécuritaire laissé par le retrait symbolique des rebelles de Walikale-Centre. Les populations de l’axe Walikale-Kashebere, traumatisées par les souvenirs des précédentes offensives, vivent désormais cloîtrées, redoutant chaque mouvement suspect.
Alors que les actualités RDC peinent à couvrir l’ensemble de ces faits divers sanglants, la question de l’intervention internationale revient sur le devant de la scène. Entre analyses politiques RDC et enquêtes locales, une évidence s’impose : sans action concertée, les territoires de l’Est risquent de sombrer davantage dans un cycle infernal de violences.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd