Le quartier Malebo, dans la commune de Mayoyo à Bandundu ville, vit des heures sombres. Une panne de transformateur électrique plonge la zone dans le noir depuis plus d’un mois, créant un terreau fertile pour les actes criminels. Vols, vandalisme et cambriolages se multiplient dans cette partie de la province du Kwilu, selon des sources locales concordantes.
La SNEL, société nationale d’électricité, est au cœur des critiques. Le transformateur défectueux de la cabine Malebo Nord, emporté pour réparation il y a six semaines, n’a toujours pas été remis en service. « Nous marchons sur des braises depuis 45 jours », lance Jérémie Makofi, conseiller communal de Mayoyo. L’élu décrit une population livrée à elle-même : « Les criminels opèrent en toute impunité dès la tombée de la nuit. »
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Trois maisons pillées en une nuit la semaine dernière. Cinq cas de vols de câbles électriques recensés depuis début avril. Des commerces forcés à fermer avant 18h par crainte des attaques. « La SNEL nous abandonne », accuse une habitante jointe par nos soins, refusant de donner son nom par peur de représailles.
L’obscurité persistante transforme les ruelles en coupe-gorge. Un riverain témoigne sous anonymat : « Hier soir, ils ont fracturé trois portails sur notre avenue. Sans éclairage public, les vigiles ne voient rien. » Les groupes électrogènes individuels, seule alternative coûteuse, restent inaccessibles pour la majorité.
Face à la grogne sociale, la direction provinciale de la SNEL tente d’apaiser les tensions. L’ingénieur Prospère Bakuku Wanza promet un « rétablissement sous 72 heures » après sa rencontre avec Serge Maseka Ndombe, vice-président de l’assemblée provinciale. Une annonce accueillie avec scepticisme par les habitants, qui réclament des actes concrets.
Cette crise met en lumière un problème récurrent dans les actualités RDC : la vulnérabilité des infrastructures énergétiques. À Kinshasa comme à Goma, les pannes prolongées de la SNEL alimentent régulièrement l’insécurité. Une réalité qui interroge la capacité des autorités à garantir un service public essentiel.
En attendant, les habitants de Malebo organisent leur survie. Des patrouilles citoyennes se montent à la hâte. « On fait le guet à tour de rôle avec des lampes-torches », explique un jeune leader communautaire. Une solution précaire qui ne masque pas l’urgence d’une intervention des autorités provinciales.
La balle est désormais dans le camp de la SNEL. Sa réactivité – ou son absence – dans les prochaines 72 heures déterminera l’évolution de cette crise sécuritaire. Pour les spécialistes de la politique RDC, ce dossier devient un test crucial pour les institutions locales face aux défis de la cohésion sociale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
