Deux civils ont été abattus par des hommes armés en tenue militaire dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 avril à Goma. Les quartiers Ndosho et Kasika, au cœur du Nord-Kivu, ont été le théâtre de ces violences ciblées. Parmi les victimes figure un cadre éducatif de renom : le directeur des études de l’Institut Tuungane, symbole d’une jeunesse aspirant à se construire malgré les crises.
Vers 2 heures du matin, des rafales d’armes automatiques ont déchiré le silence nocturne. Des témoins affirment que les assaillants, vêtus d’uniformes des FARDC, ont systématiquement frappé aux portes de plusieurs habitations. « Ils vérifiaient des noms avant de tirer à bout portant », confie un habitant sous couvert d’anonymat. Les forces de sécurité, pourtant alertées, n’ont pas intercepté les auteurs de ces exécutions.
À moins de 30 km de Goma, le territoire de Nyiragongo enregistre une escalade inquiétante. Trois civils, dont le chef du groupement Rusayu, ont été enlevés il y a quatre jours par un groupe non identifié. Une méthode qui rappelle les tactiques des milices actives dans la région depuis l’offensive de l’AFC/M23 en janvier 2024.
Ces événements s’inscrivent dans un contexte sécuritaire délétère. Plus de 87 meurtres et 43 enlèvements ont été recensés depuis le début de l’année selon le baromètre de l’Observatoire congolais des droits humains. La porosité du contrôle étatique dans certaines zones faciliterait ces opérations commanditées, selon des analystes politiques interrogés par nos rédactions.
Les questions s’accumulent : où sont déployées les unités spéciales de sécurisation annoncées en février ? Pourquoi les caméras de surveillance installées près des artères stratégiques n’ont-elles pas permis d’identifier les véhicules utilisés par les tueurs ? Les familles des victimes réclament une enquête indépendante, dénonçant une « complicité passive » de certains éléments des forces de l’ordre.
Ce drame relance le débat sur l’efficacité du plan d’urgence sécuritaire dans l’Est de la RDC. Alors que Kinshasa promet une « militarisation totale » de la réponse anti-terroriste, sur le terrain, les civils continuent de payer le prix fort. La communauté internationale, par la voix de la MONUSCO, a exigé ce lundi matin « des mesures concrètes pour briser ce cycle infernal ».
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net