La commune rurale de Walikale, récemment libérée du joug du M23, fait face à une nouvelle menace invisible mais tout aussi dangereuse. Plusieurs quartiers de cette localité du Nord-Kivu sont en proie à la présence inquiétante de munitions et restes explosifs de guerre abandonnés par les rebelles. Une situation qui transforme le retour des habitants en un parcours semé d’embûches mortelles.
Les quartiers de Nyalusukula, Camp TP, Kigoma, Nyabangi et Kangambili apparaissent comme les zones les plus affectées par ce fléau. Les rues et même les habitations précédemment occupées par les combattants regorgent de cartouches et autres engins explosifs. Comment une population civile peut-elle retrouver une vie normale dans un environnement aussi miné ?
Un drame s’est produit ce mercredi 9 avril dans le quartier Nyalusukula. Un habitant effectuant des travaux de débroussaillage autour de sa maison a involontairement heurté une grenade avec sa machette. L’explosion qui s’en est suivie l’a grièvement blessé, nécessitant son évacuation en urgence vers l’hôpital général de référence de Walikale où son état reste critique. Le même jour, sur l’avenue Mombo Sud, une autre grenade non explosée a été découverte dans une concession, mobilisant les jeunes du quartier pour sécuriser les lieux.
Les dangers se multiplient à travers la localité. Une roquette non explosée, tirée depuis la colline abritant le bureau administratif du territoire lors des précédents combats, a été retrouvée près d’un buisson. Heureusement, des experts en déminage de l’armée ont pu la neutraliser. Dans le quartier Camp TP, non loin de l’aérodrome de Kigoma, deux bombes ont été découvertes dans une cour par un propriétaire de retour de la forêt. L’intervention rapide des autorités militaires a permis leur récupération.
La situation la plus préoccupante concerne le quartier Kangambili où plane le spectre d’une possible mine antipersonnel. Les membres de la Croix-Rouge, venus pour enterrer un corps sans vie, ont dû interrompre leur mission face à la présence suspecte d’un objet non identifié sur le cadavre. Ils ont requis l’intervention des experts militaires pour procéder à une vérification et une éventuelle neutralisation.
Face à cette crise sécuritaire, les responsables du service SECAS des FARDC ont initié une campagne de sensibilisation auprès des autorités locales. L’objectif ? Éduquer la population sur les dangers liés à la manipulation des restes explosifs de guerre et prévenir ainsi de nouvelles tragédies. Dans une région déjà éprouvée par des années de conflit, cette initiative apparaît comme une nécessité vitale pour protéger des civils souvent peu informés des risques.
Cette situation alarmante à Walikale soulève des questions cruciales sur l’après-conflit dans l’Est de la RDC. Alors que les combats semblent s’éloigner, les séquelles de la guerre continuent de menacer la sécurité des populations civiles. Combien de temps faudra-t-il pour déminer complètement ces zones et permettre aux habitants de vaquer à leurs activités en toute sécurité ? La réponse à cette question déterminera en grande partie le succès du processus de retour à la normale dans cette partie instable du pays.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd