La cité de Walikale-centre, dans la province du Nord-Kivu, respire à nouveau. Après le retrait des rebelles de l’AFC/M23, la vie reprend progressivement son cours dans cette localité meurtrie par des semaines d’occupation et de violences. Environ 20% de la population déplacée a déjà regagné la cité, marquant ainsi les prémices d’un retour à la normale.
Ce dimanche 6 avril, les rues de Walikale-centre offraient un spectacle inédit depuis des semaines : une circulation normale des motos et véhicules, des commerces qui rouvrent leurs portes, et surtout, l’absence des détonations d’armes qui rythmaient sinistrement les journées. Les pharmacies, les petits marchés « Limanga » et les salons de coiffure ont repris leurs activités, signes tangibles d’une renaissance économique dans cette région de la RDC.
Dans le quartier Camp TP, des groupes de jeunes échangent leurs expériences traumatisantes. Les récits se croisent entre ceux qui ont fui vers la forêt et ceux qui sont restés, subissant le siège de la cité. « Nous étions obligés de nous enfermer dans nos maisons chaque jour », témoigne David Kalinda, évoquant une semaine cauchemardesque sous la menace permanente des armes.
Le retour des Forces Armées de la RDC (FARDC) et des groupes d’autodéfense locaux, les wazalendo, a redonné un sentiment de sécurité aux habitants. Cette présence militaire constitue aujourd’hui le principal facteur encourageant le retour des déplacés, même si pour beaucoup, le chemin vers une vie normale s’annonce long et difficile.
Les récits des personnes revenues de la brousse révèlent l’ampleur des souffrances endurées. Un père de famille raconte : « Nous avons vraiment souffert. On mangeait de la nourriture sans sel, pas d’huile… Mes deux enfants sont tombés malades, j’ai fait recours aux racines pour les traiter ». Ces témoignages illustrent les conditions de vie extrêmement précaires dans les zones de refuge.
Le retour s’accompagne souvent d’une amère désillusion. De nombreux habitants découvrent leurs maisons pillées et détruites. Flory Mashamba, l’un des premiers revenus, constate avec désolation : « Je n’ai rien trouvé chez moi… Tout est parti ». Cette situation pose avec acuité la question de la reconstruction et de l’aide aux sinistrés.
Face à ces défis, les habitants de Walikale lancent un appel pressant au gouvernement congolais pour le rétablissement durable de la paix dans l’Est du pays. Alors que le mouvement de retour se poursuit, la communauté internationale et les organisations humanitaires sont attendues sur le terrain pour soutenir cette population résiliente mais profondément meurtrie.
Cette situation à Walikale-centre reflète les défis sécuritaires et humanitaires récurrents dans les provinces orientales de la RDC. Alors que la cité panse ses plaies, la question de la protection des civils et de la stabilisation de la région reste plus que jamais d’actualité dans cette partie des Grands Lacs africains.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
