La situation humanitaire dans la province du Tanganyika prend une tournure critique avec l’afflux massif de déplacés en provenance d’Uvira, au Sud-Kivu. Les autorités locales ont annoncé un renforcement des mesures de sécurité au port de Kabimba, principale porte d’entrée vers Kalemie. Cette décision intervient dans un contexte de tensions sécuritaires croissantes dans l’est de la République Démocratique du Congo.
Selon l’administrateur du territoire de Kalemie, John Mutombo, les services de sécurité procèdent désormais à des fouilles systématiques de toutes les personnes débarquant au port. « Nous devons garantir la sécurité de notre territoire tout en accueillant nos compatriotes en détresse », a-t-il déclaré. Cette mesure fait suite à l’arrivée, ce vendredi, de deux bateaux bondés de civils fuyant les affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23.
Les témoignages recueillis sur place décrivent une situation humanitaire alarmante. Parmi les déplacés, on compte de nombreuses femmes et enfants, souvent dans un état de grande vulnérabilité. « Nous avons tout perdu en fuyant. Ici, nous cherchons juste un endroit sûr pour nos enfants », confie une mère de famille rencontrée sur les quais du port de Kabimba.
L’impact de cet afflux massif se fait déjà sentir sur l’économie locale. Les prix des denrées alimentaires ont connu une hausse vertigineuse ces dernières semaines. Un sac de 25 kg de farine de maïs, qui se vendait à 25 000 francs congolais, atteint désormais les 45 000 francs. Le secteur du transport n’est pas épargné, avec des tarifs qui ont parfois doublé en quelques jours.
Cette crise humanitaire intervient dans un contexte géopolitique complexe. Les rebelles du M23, soutenus selon plusieurs sources par l’armée rwandaise, ont intensifié leurs opérations militaires dans le Sud-Kivu. L’occupation de Bukavu par ces groupes armés a provoqué un mouvement de panique parmi les populations civiles, poussant des milliers de personnes à fuir vers des zones plus stables comme Kalemie.
Les autorités locales du Tanganyika se retrouvent ainsi face à un double défi : assurer la sécurité du territoire tout en répondant aux besoins urgents des déplacés. Des organisations humanitaires commencent à se mobiliser, mais les besoins dépassent largement les capacités actuelles d’intervention. La question qui se pose maintenant est de savoir comment la communauté internationale va réagir face à cette nouvelle crise dans l’est de la RDC.
Alors que les bateaux continuent d’arriver à Kabimba, portant chaque jour leur lot de drames humains, la situation risque de s’aggraver si des solutions durables ne sont pas rapidement mises en place. Entre insécurité alimentaire, tensions sociales et défis sécuritaires, Kalemie et sa région se retrouvent au cœur d’une tempête humanitaire dont l’issue reste incertaine.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net